Comparateur de rachat de crédit

Douai : «ils ont passé les trottoirs au Kärcher»


POLITIQUE - 11h, Douai, Gayant Expo sous la neige. Avant le discours de Sarkozy, on cherche le manifestant. Mais juste des gens qui passent, des embouteillages, et surtout, des CRS partout. Aux ronds points, sur les ponts, garés derrière les fourrés, sur les trottoirs POLITIQUE - 11h, Douai, Gayant Expo sous la neige. Avant le discours de Sarkozy, on cherche le manifestant. Mais juste des gens qui passent, des embouteillages, et surtout, des CRS partout. Aux ronds points, sur les ponts, garés derrière les fourrés, sur les .

La CGT a distribué des tracts aux entrées de la ville au petit matin. «On a été invité, on refuse d'y aller. On ne manifeste pas. Il paraît qu'il annonce 23 milliards, scandaleux quand on voit ce qu'il a donné aux banques» s'énerve Jacques Leclercq de la CGT, au bout du fil. «On veut du concret, on annonce du pipi de chat». 11h15, près du pont qui enjambe la voie ferrée, des socialistes, militants et élus à écharpes. Inoffensifs, mais impossible de faire un pas. Une haie de robocops en noir empêche de passer. Carolle : «Y'en a un qui m'a dit qu'il n'avait rien à nous reprocher. Il manquerait plus que ça».

«On nous a invité à parler avec un conseiller technique du président,» dit un élu à moustache, pas dupe. Ils s'en vont vers la sous-préfecture. A quelques mètres, au café «le Celtic», Frédéric Chéreau, conseiller municipal socialiste d'opposition à Douai, avec un autre groupe, trouve que tous ces policiers, c'est «une vision de la politique un peu paranoïaque».

Un militant se marre : «Ce matin, ils ont passé les trottoirs au Kärcher». La patronne du café essuie la buée sur les vitres. Dehors, la police partout. «Si on sort, ils nous laisseront pas passer. Il faudrait qu'une caméra filme. J'ai pas le numéro de France3». Carolle : «j'ai dit à un policier : "vous au moins, vous avez du boulot"». Il m'a répondu que tout le monde pouvait passer le concours». Les environs de Douai, c'est 18% de chômage, sans parler du chômage technique qui démarre à l'usine Renault, et les menaces de licenciements dans la sous-traitance.

Jean-Pierre : «En 1989, quand Mitterrand est venu, on pouvait approcher sa voiture à trois mètres». Il montre la photo de De Gaulle, en 59, publiée par la Voix du Nord du jour, la foule massée au pied de l'hôtel de ville. «Là, y'a un excès de forces de l'ordre». Midi. A cent mètres de là, Sarkozy annonce son plan de relance à 26 milliards. Frédéric Delannoy, maire d'Hornaing : «Si ça devait mal se passer, qui se propose pour recevoir des coups de matraque?» 12h30, des journalistes arrivent, vingt socialistes sortent du bistrot, marchent vers les CRS, traversent le rond-point, et puis stop, cordon de CRS, deux fois plus nombreux. Un gradé au téléphone prévient sa hiérarchie : «des élus et quelques manifestants. C'est gentillet».

Dehors sur le pont, des lycéens, dont Alexis et Marine. «Au lycée, de plus en plus de parents ne peuvent pas payer la cantine. Sarkozy, lui, il augmente son salaire. On aurait bien aimé lui en toucher deux mots».

Haydée Sabéran

Photo Aimée Thirion