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Calais : «La gale ressurgira, si les migrants continuent à vivre ainsi»


SANTÉ - Médecins du Monde et Médecins sans frontières lancent une alerte conjointe, face à l'épidémie de gale qui touchent les migrants à Calais. Ils saluent l'action des pouvoirs publics, qui ont lancé un traitement d'urgence de cette maladie de peau jusqu'au 21 août, mais pointent ses limites. "Ils n'auront pas éradiqué la gale, il faut améliorer les conditions d'hygiène", explique Mathieu Quinette, coordinateur migrants littoral de Médecins du monde.

Que pensez-vous de l'action contre la gale menée par la protection civile à Calais, à la Permanence d'accès aux soins de santé (Pass) ?
L'Etat prend le rôle du pompier-pyromane : il allume le feu et arrive ensuite pour l'éteindre. L'Etat laisse les gens vivre dans des conditions déplorables, puis il arrive en sauveur, juste au moment où d'autres avaient programmé une action de traitement de la gale. Une situation d'urgence ne veut pas dire qu'il faut agir précipitamment.
Que voulez-vous dire ?
Un collectif d'associations avait prévu une intervention médicale d'urgence du 17 au 21 août. Le vendredi 7 août, MSF, Médecins du monde et le Secours catholique sont invités à une réunion en préfecture. Le préfet nous apprend que l'Etat va intervenir. Très bien, mais le traitement a commencé de façon désorganisé. Pour vous donner un exemple, la préfecture a appelé les associations à la rescousse vendredi dernier, pour donner des vêtements, car ils étaient en rupture de stock. C'est plutôt à l'Etat, avec ses moyens colossaux de venir en soutien des associations, et pas l'inverse, non ? D'autre part, les migrants ne partent pas toujours avec le désinfectant nécessaire pour leurs abris, alors que la gale est contagieuse. Il faut traiter tous les habitants d'un même abri, ainsi que leur environnement. L'Etat ne traite pas par unité d'habitation. Ce que nous avions prévu.
Pour vous, l'action de l'Etat est donc insuffisante ?
Je ne suis pas là pour dire qui fait mieux que l'autre. De toute façon, ni notre action ni celle de l'Etat ne peut éradiquer la gale, tant que les conditions d'hygiène resteront ce qu'elles sont. La gale ressurgira si les migrants continuent à vivre ainsi.
Pourtant, les quatre douches du Secours catholique, fermées depuis décembre, viennent d'être réquisitionnées par l'Etat...
Quatre douches, c'est insignifiant. Le Secours catholique avait fermé ces douches parce que le système n'était plus gérable face au nombre de migrants. Ce n'était pas assez il y a huit mois, ce n'est toujours pas assez aujourd'hui. Les surinfections dues à la gale, on n'en voit des comme ça qu'à Calais. Des médecins qui ont travaillé dans l'humanitaire à l'étranger n'ont jamais vu cela, des abcès aussi importants. Il faut multiplier le nombre de douches, augmenter les points d'accès à l'eau, il faut améliorer la gestion des déchets et des excréments. Ces réponses auraient dû être apportées depuis longtemps.