Comparateur de rachat de crédit

RSA : «Il y a des risques de dérive»


INSERTION - Après avoir expérimenté le Revenu de solidarité active (RSA) dans sa ville jusqu'en décembre, Rémi Pauvros, maire socialiste de Maubeuge et vice-président du conseil général du Nord, délégué à l’insertion et à la solidarité, livre son analyse. .

Quels sont les limites et les points faibles du RSA au vu de l’expérimentation menée dans votre secteur ?

Le RSA a été conçu à un moment de décrue du chômage avec l’objectif de mieux accompagner vers l’emploi les allocataires de minima sociaux. Mais aujourd’hui nous sommes en récession. Il n’existe pas de dispositif miracle quand le chômage explose. Ce n’est pas le RSA qui va créer de l’emploi, mais l’activité économique. Nous l’avons parfaitement constaté ici, à Maubeuge. Dans notre bassin d’habitat, on compte 6 500 allocataires du RMI. Au meilleur de l’expérimentation - en juillet 2008 -, nous avions 600 contrats RSA en cours. Cela fait un peu moins de 10 % de retour à l’emploi, ce qui n’est pas mal. Mais au fil des mois les indicateurs de l’expérimentation se sont fortement dégradés. En décembre, nous étions descendus à 170 contrats.

A quoi attribuez-vous cette subite et forte dégradation ?

A la crise économique, bien sûr. En sachant que, sur notre territoire, le principal employeur, c’est industrie automobile, l’un des secteurs des pays industrialisés les plus touchés par la récession. Ils ont supprimé tous les temps partiels, tous les CDD et tous les emplois en intérim.

Niez-vous tout intérêt au RSA ?

Non. Je considère que le RSA est un bon dispositif pour permettre aux allocataires de minima sociaux de reprendre une activité à temps partiel. Le RSA va aussi améliorer les revenus des travailleurs pauvres, grâce à une allocation publique. Mais il y a des risques de dérives. Des entreprises pourraient supprimer leurs emplois en intérim, et leurs CDD au profit d’une multiplication de temps partiels version RSA. Le RSA procède aussi à une sorte de discrimination : les «mieux employables» qu’on veut remettre au travail et les autres qui resteraient sur le bord du chemin.

Recueilli par Tonino Serafini

Lire aussi :

(A Maubeuge en septembre 2008)