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«J'avais peur chaque fois qu'elles étaient de service»


Une infirmière et une aide-soignante ont été condamnées mardi à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel d'Arras pour maltraitance et violences envers des personnes âgées de la maison de retraite de l'.

Le tribunal, qui a suivi les réquisitions du procureur, a également ordonné une interdiction d'exercer leur activité à l'encontre des deux prévenues, qui avaient été suspendues depuis la révélation des faits en 2004.

L'infirmière a été condamnée à 30 mois de prison dont 18 mois avec sursis, l'aide soignante à 24 mois de prison, dont 12 avec sursis. Les deux femmes ont été relaxées pour les faits de violences sur une partie de la dizaine de victimes recensées, ainsi que pour l'administration de substances nuisibles. Il leur était reproché d'avoir donné des calmants à certains pensionnaires, en dehors de toute prescription médicale.

Elles ont en revanche été reconnues coupables de non dénonciation de mauvais traitement et non assistance à personne en danger. Elles n'avaient pas alerté les médecins après la chute d'une patiente de 90 ans de son lit le 6 septembre 2004, alors que les deux femmes la manipulaient. La pensionnaire était morte deux heures après.

Initialement mises en examen respectivement pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et non dénonciation de crime, l'aide-soignante et l'infirmière n'ont finalement pas été poursuivies de ces chefs, aucun élément n'ayant permis d'établir que le décès était dû à la chute.
La médecin-chef de l'établissement, poursuivie pour avoir établi un certificat sans avoir examiné les causes du décès de la nonagénaire, a été relaxée. "On était comme prisonniers", a déclaré à l'audience un patient paraplégique, qui a été le premier à se plaindre à la direction de l'établissement. "J'avais peur chaque fois qu'elles étaient de service" Sous l'insistance de la présidente et de l'avocat du patient, l'infirmière a consenti mardi à lui demander "pardon".

D'autres malades ont fait état de coups de poing, de claques, rapporté que des linges de soins souillés avaient servi à leur essuyer le visage. Certains, souffrant de la maladie d'Alzheimer, étaient entravés pour les empêcher de déambuler dans l'établissement.

La fille d'une patiente a décrit sa mère comme une "morte vivante", présentant des traces aux poignets, et ayant été blessée à l'arcade sourcilière. A la barre, l'infirmière a reconnu lui avoir cogné la tête.
Les deux prévenues travaillaient ensemble, la nuit, où il n'y avait qu'une seule infirmière pour 240 patients. Toujours bien notée lorsqu'elle exerçait de jour, l'infirmière qui a "toujours voulu travailler en gériatrie", a raconté avoir été victime d'un "burn out" (état d'épuisement) et a reconnu que "certains patients (l')exaspéraient". Un examen psychologique a mis en évidence un "état de saturation diminuant sa capacité de contrôle".

L'aide soignante bénéficiait aussi de bonnes notations jusqu'en 1998, avant de sombrer dans l'alcoolisme qui a favorisé des "réactions d'intolérance et d'impatience", selon le psychologue. Leurs défenseurs ont demandé qu'elles ne payent pas "pour les dysfonctionnements" de l'établissement.

AFP

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