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«Je ne me vois pas dire à mon fils : "tu ne peux plus aller à l'école"»


HANDICAP - Plus personne pour s'occuper d'eux : des enfants handicapés risquent d'être déscolarisés au groupe scolaire Bara-Cabanis à Fives, un quartier populaire de Lille. Comme cela, en cours d'année. Ce matin, ils ne sont pas venus à l'école. Les contrats de leurs EVS (emploi vie scolaire), qui les aident au quotidien dans leurs déplacements, sont arrivés à leur terme pour deux d'entre eux. L'inspection d'académie du Nord, face à la mobilisation, a dépêché deux personnes pour assurer la transition, et assure que les deux contrats vont être pourvus.

L'une des mères concernées, les yeux rougis, a eu peur jusqu'à ce matin que son fils ne soit pas pris par l'école. Son auxiliaire de vie sociale (AVS) est en congé-maladie, pour grossesse pathologique. Un mois d'absence, et toujours pas remplacée. Le couperet n'est pas tombé ce matin, grâce à la mobilisation de l'équipe pédagogique, mais Sabine a craqué dans le couloir de la maternelle, elle s'est effondrée en larmes. "Je ne me voyais pas annoncer à mon fil, tu ne peux plus aller à l'école, tu ne peux plus y être accueilli, c'est parce que tu es différent." Alors, elle n'a rien dit pendant les vacances, en croisant les doigts pour la rentrée.  La mère ajoute, dans une tentative d'explication de son désarroi : "On habite dans le quartier, on entend la cloche de l'école, la récréation." Comment dire à un petit mec de 4 ans et demi qu'il ne peut pas aller rejoindre ses copains ?

Elle raconte son épuisement, le marathon des dossiers. Car pour inscrire son enfant handicapé dans une école ordinaire, il faut passer par la maison départementale du handicap : elle délivre une autorisation obligatoire, avec le nombre d'heures d'accompagnement accordées. Son fils a droit à 20h par semaine de présence d'une AVS. Et chaque année, il faut renouveler. Elle a respecté largement le délai demandé, a envoyé son dossier en mars 2009... pour une réponse en janvier 2010. Dix mois pour un simple renouvellement. Et maintenant, après avoir reçu le fameux papier, c'est le congé-maladie de l'AVS, et puis en avril, la fin de son contrat. Elle soupire : "Est-ce que cela va être comme cela tout le temps ? En plus en cours d'année..." Si son enfant doit arrêter l'école, elle n'a aucune solution. "J'ai arrêté mon travail, à cause du handicap de mon fils, et j'ai démarré une formation pour trouver un travail à temps partiel, gérable avec les contraintes du quotidien. Si l'école s'arrête, je suis obligée de tout abandonner."

Stéphanie Maurice