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Projet de loi Besson : «la stratégie du bouc émissaire»


MIGRANTS - Ce soir, le collectif régional contre la loi Besson organise la projection du film italien "Come un Uomo sulla Terra", récit sur le sort fait aux clandestins en Lybie, et un débat sur ce projet de loi, dont l'examen est prévu au Sénat à partir du 2 février. Pour informer du durcissement prévu de la législation à l'encontre des migrants et des sans-papiers. Julien Baudoin, membre du collectif,

Quand avez-vous créé ce collectif contre la loi Besson ?
Fin mai 2010, à peu près un mois et demi après la présentation du pré-projet de loi en conseil des ministres. C'était une initiative du groupe anarchiste de Lille et environs. Nous regroupons une vingtaine de structures sur Lille, dont le Mrap, la Cimade, la Ligue des droits de l'Homme, le CSP59, et différents syndicats.

Que reprochez-vous à ce projet de loi ?
C'est la cinquième modification du code sur le droit d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, avec des mesures qui veulent dire une perte de liberté et une restriction de leurs droits pour les sans-papiers. Par exemple, il veut créer des zones d'attente spéciales, pour ne pas voir se reproduire ce qui s'est passé en Corse, quand les juges avaient estimé que les clandestins transbahutés jusqu'au centre de rétention n'avaient pas eu le temps de préparer leur défense (123 Kurdes arrivés illégalement sur les plages corses en janvier 2009 avaient été ainsi libérés, ndlr). Un simple gymnase à côté du lieu de débarquement peut servir de zone d'attente, ce qui veut dire qu'il s'agit d'une zone internationale, et donc on peut considérer que les personnes ne sont pas entrées sur le territoire français, ce qui permet de les expulser plus facilement.

Quelles sont les autres grandes mesures qui vous inquiètent ?
C'est aussi l'inversion de l'ordre de passage devant les juges. Jusqu'à maintenant, le clandestin passait d'abord devant le juge des libertés et de la détention, qui vérifiait la légalité de l'arrestation et de la garde à vue, puis ensuite devant le juge du tribunal administratif pour juger des conditions de son séjour en France. Les juges des libertés et de la détention libéraient beaucoup de migrants. Désormais, le projet de loi prévoit que ceux-ci passeront d'abord devant le juge administratif. Nous craignons que beaucoup de gens vont être expulsés, avant même qu'on puisse juger de la légalité de leur détention.

Quelle est la stratégie du gouvernement, à votre avis ?
Nous trouvons que ce projet de loi veut faire de l'agitation sur le dos des sans-papiers, avec une stratégie du bouc émissaire pour masquer les problèmes politiques et économiques internes à la France. De plus, la conséquence pour ces populations, c'est qu'elles vont se cacher encore plus, qu'il va y avoir moins de demandes de régularisation, et qu'elles vont être encore plus à la merci d'employeurs sans scrupules.

Quelles sont les autres actions que vous organisez ?
Le projet de loi a déjà été adopté par l'Assemblée nationale le 12 octobre, il passe au Sénat à partir du 2 février. Le collectif régional organise une manifestation le samedi 29 janvier à Lille place de la République à 15h. D'autres collectifs régionaux, notamment à Lyon et à Montpellier, mettent également en place des actions.

Propos recueillis par S.M.

Ce soir, au cinéma l'Univers, 16, rue Danton à Lille. A partir de 19h30, débat à 20h, film à 21h30. Entrée libre.