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Le Problème de Bégaudeau, léger


 
THEÂTRE -
C'était hier soir au Théâtre du Nord, à Lille, la première de la pièce de Bégaudeau, Le problème. Avec Jacques Bonnaffé et Emmanuelle Devos, mise en scène d'Arnaud Meunier. Un huis-clos familial, juste après le crash, juste après que la femme a annoncé qu'elle quitte la maison, mari et enfants, pour aller vivre avec son amant. C'est juste, bien joué, plaisant, parfois drôle. Mais sans garantie de souvenir

C'est un décor qui déconne : le canapé au milieu du salon est démesurément trop long, les arêtes de la pièce cubique ne sont pas droites, et les couleurs tirent dans les beiges, qui rappellent les murs de placo inachevés. Rien n'y vibre, sinon la robe rouge virevoltante d'Annie (Emmanuelle Devos). Sinon le désir d'Annie pour un autre homme. Et ceux qu'elle laisse pour ce désir tentent de comprendre. Les comédiens égrenent les gammes habituelles des séparations, avec talent. Le mari, Alban, blessé, passe par les gris de la méchanceté facile et les bleus de la tristesse infinie, tient la douleur à distance avec un verre de whisky. Magnifiquement joué par Jacques Bonnaffé. Le fils, Adam (Alexandre Lecroc), découvre que sa mère est aussi une femme, "avec le feu au cul", dit-il crûment. Et la découverte en est cruelle. La fille, Julie (Anaïs Demoustier), elle, parle d'amour avec sa mère. Bégaudeau a la manière de rendre avec justesse le parler adolescent, avec sa brusquerie : on en rit. Et Julie parle de sexualité, de la grisaille d'un couple qui ne se désire plus, et du plaisir retrouvé avec un autre. Emmanuelle Devos est toute en dissonance, mais comment être autrement quand on est la fauteuse de trouble. Puis elle part, Alban refuse le baiser sur le front, s'essaye à l'enlacer, ses mains hésitent, puis l'enserrent. L'adieu est charnel et doux, sous le regard des enfants. C'est beau. Le spectateur s'arrache à la plaisante représentation, sans troubles, ni pleurs, quelques rires et puis voilà. Le désir, et le sexe, ne sont pas des subversions chez François Bégaudeau. Et cela vous laisse comme un goût d'inachevé.

Stéphanie Maurice

Au théâtre du Nord, 20h, jusqu'au 16 janvier. Tél. : 03 20 14 24 24

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