THÉÂTRE – Guy Alloucherie, metteur en scène de la compagnie HVDZ, promène depuis sept ans ses veillées d'artistes, danseurs, comédiens, acrobates "circassiens", dans les quartiers populaires, et avec eux. Il raconte cette histoire dans un spectacle, Les Atomics.
On s'installe dans un quartier, et on créée un spectacle, à partir de ce que les gens racontent de leur quartier. On ne peut pas faire un spectacle sans se poser la question de comment on vit tout autour. On fait du porte à porte. C'est de la politique. Martine Sandre, qui fait partie de la compagnie, dit que ça lui rappelle quand elle était au Parti communiste. Quand elle vendait l'Humanité et Pif.
Comment ça se passe?
Par exemple, on demande aux gens de nous dire ce qui est le plus culturel ou le plus artistique chez eux. C'est un prétexte. Ça permet de discuter. L'objet, c'est parfois un tableau, un tapis, même la télé. Parfois ils disent qu'ils n'ont rien de culturel à montrer. Parfois c'est le jardin. Parfois leur voiture, parce que la voiture permet de sortir du quartier.
Le spectacle, c'est un best of de sept ans des veillées?
La veillée des veillées. Une méta-veillée.. Non, pas les meilleurs moments, mais l'histoire de tout ce travail, dans des quartiers en France, mais aussi au Brésil.
Au Brésil, c'était quoi, les objets culturels?
Dans les favelas, les jeunes jouent avec des cerf-volants. Et puis il y a beaucoup de musique. Deux cents personnes se sont greffées au spectacle. On a trouvé des gens mobilisés. A Sao-Paulo, les gens se réunissent pour parler de polique, ça m'a marqué.
Pourquoi ça s'appelle Les Atomics?
C'est un clin d'oeil. Parce que c'est le nom d'une batterie fanfare de majorettes à Lens, et qu'on a trouvé la même au Brésil.
Les prochaines veillées?
A Hénin-Beaumont. On est très content d'y aller, en pleine campagne électorale en plus, en début de saison prochaine. C'est notre façon de militer.
Le Front national fait beaucoup de porte à porte à Hénin-Beaumont.
On véhicule d'autres idées!
Vous trouvez que monde ouvrier a été abandonné par la gauche?
C'est évident. On dit aux gens que la classe ouvrière n'existe plus, ce n'est pas vrai. Mais ils n'ont plus l'impression de faire partie d'un ensemble, et il n'y a plus cette fierté.
Recueilli par Haydée Sabéran
Culture Commune - Scène Nationale du Bassin Minier du Pas-de-Calais, Base 11/19, Rue de Bourgogne à Loos-en-Gohelle. De 3 à 15 euros , 03.21.14.25.55
Le 18 janvier à 20h, les 19 et 20 à 19h, le 21 à 20h, le 24 à 19h, le 25 à 20h, les 26 et 27 à 19h, le 28 à 20h.