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«Dalongeville n'a pas le sentiment d'avoir fauté»


INTERVIEW - L'ancien maire socialiste d'Hénin-Beaumont, mis en examen dans une affaire de détournements de fonds, est retourné en prison lundi. Motif : son portable a été détecté dans sa ville, où il n'avait pas le droit d'aller, car sous contrôle judiciaire. Son avocat, Me Didier Cattoir, craint que son client reste en prison .


Gérard Dalongeville à nouveau en détention provisoire. Que s'est-il passé?
Selon la chambre de l'instruction, 70% de ses appels ont été passés dans le Pas-de-Calais, et 10 à 15% d'Hénin-Beaumont. Ce qui s'est passé, c'est que son contrôle judiciaire l'obligeait à rester dans les Vosges, avec tout de même la possibilité de rencontrer son avocat. Or, pour venir me voir à Bailleul, dans le Nord, il faut passer par les autoroutes françaises, donc longer Hénin-Beaumont, où il y a fréquemment des bouchons. Impossible d'utiliser une autre route, celle du Luxembourg et de la Belgique, car il a dû donner son passeport. Par ailleurs, quand il est convoqué à 9h chez le juge à Béthune, il faut bien dormir quelque part avant. Il allait chez sa mère. Enfin, il avait une affaire familiale à régler, chez un autre avocat. Les affaires familiales, ce n'est pas ma tasse de thé, je l'ai envoyé chez un confrère à Béthune.

Comment la chambre de l'instruction a-t-elle détecté ces appels?
Elle a placé Gérard Dalongeville sur écoute dans une affaire connexe, à laquelle je n'ai pas eu accès. Dossier auquel je n'ai pas eu accès, une conception particulière des droits de la défense.

Tous ces appels détectés, il a été négligent?
Il a une addiction à son portable. Il peut m'envoyer jusqu'à 150 SMS en moins d'un mois. D'ailleurs, je ne lui réponds jamais, j'ai horreur de ça, et je sais que ça peut être dangereux pour lui.

Il savait bien qu'il était sur écoute.
Gérard Dalongeville n'a pas le sentiment d'avoir fauté. Il n'a rien à cacher. A tel point qu'il a laissé son portable à la prison. Vous pensez bien qu'ils vont l'exploiter! Souvenez-vous, on lui avait reproché d'avoir cassé son portable la veille de sa garde à vue, comme s'il savait qu'il allait être en garde à vue le lendemain...

Dans quelles circonstances a-t-il été arrêté cette fois?
Il était convoqué pour une confrontation avec Guy Mollet et Claude Chopin (le premier est chef d'entreprise, le second est son ancien adjoint aux finances, ils sont mis en examen dans la même affaire, ndlr). Elle n'a pas eu lieu. Ça s'est transformé en instruction à charge, qui repose sur un dossier que je n'ai pas vu. Je suis abasourdi.

Maintenant, qu'est-ce qui va se passer?
Je vais faire appel de l'ordonnance du juge des libertés cette semaine. Ce que je crains, c'est qu'on caresse l'espoir de le maintenir en prison jusqu'à son jugement. Quand on sait l'importance du facteur psychologique, on peut s'attendre à tout. Ce n'est pas comme ça que je vois la justice. Ce n'est pas comme ça que la Cour européenne des droits de l'homme voit la justice. Comptez sur moi pour la saisir.

Pensez-vous qu'il puisse sortir avant Noël?
Le droit ayant visiblement ses limites, je vais devoir mettre un cierge!

Recueilli par Haydée Sabéran

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