Comparateur de rachat de crédit

« En 2010, la mobilisation sociale a été énorme »


RETRO - Fabian Tosolini, porte-parole CFDT des cheminots dans le Nord, revient sur le mouvement massif de grève, de manifestations et d’actions coup de poing contre la réforme des retraites menée par le gouvernement, aujourd’hui votée. Il garde un bon souvenir du mur en parpaing édifié devant l’entrée de la

« 2010 ? La mobilisation sociale a été énorme. C’est la première fois depuis longtemps qu’on a réussi à mobiliser autant de monde dans la durée, et cette mobilisation n’a jamais été impopulaire. C’est la première leçon à en tirer : face à un gouvernement aussi dur que celui-là, on a gagné la bataille de l’opinion, nous avons fini le mouvement avec le soutien de près de 60% de la population. Nous ne sommes jamais tombés dans le piège de la radicalisation que nous tendait le gouvernement. J’ai un exemple en tête, celui des raffineries. Elles ont été bloquées par les grévistes, mais fermées sur décision du gouvernement. On savait pertinemment qu’une fermeture voulait dire délai de remise en route, et donc risque de pénurie. Il fallait faire que cette mobilisation se retourne contre nous. Les actions qu’ont menées les cheminots, les routiers, ont été très dures, mais nous n’avons jamais voulu la paralysie complète du pays. Nous avions aussi le souci d’information, d’aller à la rencontre des gens, des salariés qui n’étaient pas dans la possibilité de se mobiliser, pour leur expliquer pourquoi la réforme était injuste. C’était ce que nous faisions quand nous bloquions le centre routier de Lesquin.

Nous avons aussi montré que nous pouvions faire des actions encore plus populaires, que nous étions capables d’être inventifs, comme le mur devant l’UMP à Lille. Nous avons fait rire les gens, ils nous saluaient à coups de klaxons. Je ne sais pas s’il y a une nouvelle génération de syndicalistes, mais avec les nouveaux adhérents, c’est forcément un syndicalisme qui se modifie, on a vu émerger Twitter, il y a eu des groupes sur Facebook, on a énormément utilisé Internet. Il faut dire que maintenant, pour trouver une cabine téléphonique, c’est un peu plus compliqué ! Nous faisons avec notre temps.

Le gouvernement n’a pas cédé. Est-ce que nous avons perdu ? Non, les salariés ont bien compris que la réforme était injuste. La loi a été votée, mais il y a encore à gratter sur les décrets, sur les circulaires. Puis, si le gouvernement avait été aussi sûr de lui, s’il avait été droit dans ses bottes, il n’aurait pas plié sur l’amendement qui prévoit une nouvelle discussion en 2013. En 2011 ? Pour l’instant, les gens ont besoin de reprendre leur souffle, car les salariés ont été très sollicités par les mouvements de grève. Est-ce que les fêtes vont requinquer tout le monde et que ça va repartir dur ? En janvier, il y aura des rencontres intersyndicales. »

Recueilli par Stéphanie Maurice