Comparateur de rachat de crédit

A Lille, l'Etat déshabille l'accueil d'urgence pour habiller les Roms


LOGEMENT - Six nouveaux villages d'insertion pour les Roms ? L'Etat a dit banco. Surprise, surprise, dans la métropole lilloise, le gouvernement a choisi d'abonder le projet de Martine Aubry, la patronne du PS et de la communauté urbaine. Et de dépenser 1,2 million d'euros pour ces 113 places. Seul problème, l'argent sera pris sur l'enveloppe hébergement d'urgence,

Les Roms, c'est un sujet à tacle pour le parti socialiste. Hier soir, Michel-François Delannoy, maire socialiste de Tourcoing, et proche de Martine Aubry comptait bien sur son effet d'annonce : la métropole lilloise prévoit de mettre en place six villages d'insertion supplémentaires pour les Roms, et de passer ainsi de 87 places à 200 d'ici 2012. Las. Marc-Philippe Daubresse, le président du groupe UMP à la communauté urbaine et ministre des solidarités actives, lui coupe l'herbe sur le pied, pique l'idée, et annonce la création de ces six villages six heures avant lui. C'était pourtant une belle occasion pour redorer le blason socialiste, terni cet été par les insinuations gouvernementales sur le thème "Martine Aubry critique notre politique mais expulse les roms dans sa métropole". Ce qui était exact, mais ne rendait pas justice aux réels efforts de la communauté urbaine de Lille, qui a été une des premières à créer quatre villages d'insertion roms, fin 2008. "Alors que ce n'est pas notre compétence, mais celle de l'Etat", insiste Michel-François Delannoy, premier vice-président de la métropole.

Dans cette convergence des vues plutôt inattendue entre UMP et PS, il y a tout de même un hic. Ces places d'hébergement au long cours, dans des mobil-homes, seront financées sur l'enveloppe de l'accueil d'urgence. Pas franchement cohérent à première vue. La préfecture prévoit  en fait "le redéploiement d’une partie des crédits aujourd’hui utilisés pour financer l’hébergement en hôtel des personnes concernées". Aujourd'hui, par manque de places en hébergement d'urgence, l'Etat paye des chambres d'hôtel aux personnes sans abri. 230 places en tout sur la métropole, la moitié occupée par des roms, estime la communauté urbaine de Lille. Ce qui veut dire que les places d'hôtel réservées aux accueils d'urgence vont diminuer de moitié. Pas vraiment une bonne nouvelle, quand tous les acteurs reconnaissent les besoins, en particulier en hiver.

La préfecture rêve d' "une accélération du flux des personnes hébergées grâce à leur accompagnement vers l’emploi et le logement". Mais sur le terrain, l'ascenseur de l'insertion est bloqué à tous les étages. Par exemple, l'Abej Sainte-Colombe, à Wazemmes, accueil d'urgence pour les grands marginaux, voit ses chambres occupées pendant un an, voire deux,par les mêmes personnes, alors qu'elles devraient connaître un turn-over plus important. Tout simplement parce que tout le dispositif est saturé : pas de place en CHRS (Centre d'hébergement et de réinsertion sociale), en maison-relais, en logements HLM. L'Etat se réfugie derrière un chiffre, "27% d'augmentation des capacités d'hébergement depuis 2002". Michel-François Delannoy prend acte de ce qu'il appelle "un discours glacial" et signale : "400 places d'urgence manquent dans la métropole."

Stéphanie Maurice