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A Hellemmes, une future fabrique des arts de la rue, «pas une usine à bobos»


 CULTURE - Un orchestre où la musique s'improvise, parfois en détournant ballons de baudruche ou postes de radio grésillants ; un massage sonore avec des bruits inattendus qui surviennent derrière vos oreilles ; un jeu d'arcade musical, où il faut chanter pour gagner la course de vélo... c'est farfelu, c'est Capharnaüm, le week-end dédié à Métalu-A Chahuter, pour les arts de la rue, et à Muzzix, pour la musique au goût spectaculaire, à la gare Saint-Sauveur. Cela commence ce soir, et c'est la préfiguration de la future fabrique culturelle d'Hellemmes,

Expérimentation. C'est leur point de convergence. Les deux collectifs, Metalu-A Chahuter et Muzzix, se connaissent depuis un moment, se côtoient à la Malterie, salle de concerts et d'expo, lieu de répétition et d'ateliers d'artistes, qui fait de tout sauf du commercial. Metalu est capable de déployer un univers, souvent d'inspiration forain, aux machines extraordinaires, comme il l'a fait au jardin Vauban et au bois de Boulogne ces dernières années pour la ville de Lille. Muzzix a allié les forces de Circum, plutôt jazz, et du Crime, carrément musique improvisée. Leurs présentations musicales vont de la forme classique, le groupe que tu regardes jouer sur une scène, à des installations sonores plus déroutantes. "Ce sont deux collectifs qui ne sont pas trop dans la reproduction des choses existantes", reconnaît Yanik Miossec, de Muzzix. Un échantillon de leurs travaux et de leurs goûts se verra donc ce week-end à Saint-Sauveur.

Bazar. En plus des collectifs Muzzix et Metalu-A Chahuter, bien heureux de se trouver un joli point de chute à Hellemmes, l'association Bazar va apporter sa touche organisatrice d'évènements dans la future fabrique. Elle a beaucoup travaillé pour Lille 3000. Et d'ailleurs, tiens, le lieu devrait ouvrir en 2012, juste pour la prochaine édition du grand raout culturel lillois. Tant qu'à faire, autant profiter de sa notoriété.

Fabrique. Maison folie des arts de la rue à Hellemmes, alors ? Non, non, on n'y est pas, c'est plutôt une fabrique culturelle. Comprenez que le lieu ne sera pas une salle de spectacles de plus. Plutôt que la représentation, on y privilégiera la construction. Construction des machines, et ce n'est pas une mince affaire, Metalu-A Chahuter aimant soudures, métaux et grands formats. Construction des spectacles. On y répétera aussi. Et l'élu chargé du projet, Sylvain Petit, conseiller communal à Hellemmes, rêve d'y faire venir tout le quartier. Pourquoi pas ne pas convoquer, si l'envie s'en fait sentir, les savoirs-faire des anciens ouvriers de Fives-Cail-Babcok, qui, rayon metallo, s' y connaissent. A Fives-Cail-Babcok, friche industrielle aujourd'hui, on construisait hier les locomotives et les arcs métalliques des ponts. "Il faut amener les gens à ce qu'ils mettent les mains dans le cambouis de la culture", dit Sylvain Petit. Car sinon, ce qu'ils disent des fabriques culturelles, c'est que ce sont des "usines à bobos".

Indépendance. La fabrique sera gérée par les artistes. Sylvain Petit martèle le message : pas de direction pilotée par la mairie, pas de salle municipale. La municipalité sera représentée au sein du conseil d'administration de l'association chargée de piloter le lieu. Bon, on a bien compris, cela ne fonctionnera pas comme les maisons folies lilloises. Pourquoi ? "Parmi les élus, aucun de nous n'est capable de maîtriser le bouillonnement artistique" existant, explique Sylvain Petit. Les artistes confirmés et professionnels ont ce talent, et puis leur lâcher la bride ne peut que faire "bouillonner" un peu plus la marmite de la fabrique.

Le 21, rue Jean-Bart. La fabrique des arts de la rue sera là. C'est un ancien séchoir à lin, devenu ensuite un entrepôt de tubes, aux nefs hautes, 15 mètres de hauteur. Briques rouges, évidemment. Grande cour envahie de budléia, l'arbre à papillons, et d'herbes folles. C'est monumental, envahi par les pigeons aujourd'hui, mais prêt à se laisser reconquérir. Après l'usine Mossley, en cours de travaux, pour devenir médiathèque, et la future transfiguration de Fives-Cail-Babcock, la commune se dépouille de ses friches, nées de la désindustrialisation massive du secteur, pour les réhabiliter en lieux culturels ou tertiaires. Objectif : stabiliser les nouveaux habitants qui débarquent à Hellemmes, éloignés de Lille par les prix de l'immobilier, séduits par la proximité des universités.

Stéphanie Maurice

Le programme de Capharnaüm, ce week-end, est avec l'orchestre de , recommandé chaudement, dès ce soir. Et c'est tout gratuit.