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Natacha, emportée par la «pulsion irrésistible» d'un récidiviste


FAITS-DIVERS - Elle était partie courir, dimanche vers 19 h 30, sur un chemin à Marcq-en-Barœul, près de chez elle, seule. Elle courait au même endroit que d’habitude, selon le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre, près du parc du Septentrion, un coin chic de la banlieue de Lille, avec ses arbres centenaires, ses champs et ses chemins pour promeneurs du dimanche. On a retrouvé la jeune femme de 29 ans morte hier matin, à 20 kilomètres de là, dans la forêt de .

Alerte. Natacha avait été étranglée, puis tuée à coups de tournevis. L’enquête devra dire si elle a été violée. Un homme de 39 ans a conduit lundi soir les enquêteurs vers sa dépouille. Il avait été condamné en février 2006 pour viol sous la menace d’une arme et libéré, il y a un an, après plus de cinq ans de détention.

Dimanche soir, ne la voyant pas revenir au bout de deux heures, le compagnon de Natacha la cherche seul, puis avec des amis, avant de donner l’alerte. Elle reste introuvable mais, lundi matin, les policiers découvrent un sous-vêtement et un couteau sur le chemin. Une riveraine leur donne le numéro d’immatriculation d’un automobiliste qu’elle a vu rôder. Les enquêteurs tirent vite le fil de la carte grise : le propriétaire de la voiture se trouve sur le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais). Le soir, ils arrêtent un chauffeur-livreur qui présente «une surcharge pondérale importante», précise le procureur. Il a avoué le meurtre, hier, après avoir conduit les policiers vers le corps. L’homme a expliqué son geste par une «pulsion irrésistible». Il devrait être mis en examen ce matin pour «enlèvement, séquestration et viol suivi d’un meurtre». Le défenseur de la famille de Natacha, Me Emmanuel Riglaire, décrit une femme «stable, en couple depuis une dizaine d’années». Elle était cadre à la direction financière de Decathlon depuis trois ans au siège de la société, à Villeneuve-d’Ascq, et était habituée des semi-marathons, dont celui de Marcq-en-Barœul, prévu la semaine prochaine.

A Decathlon, une partie des salariés du siège avaient appris dès lundi que la jeune femme n’était pas rentrée de son jogging et que les enquêteurs étaient sur la piste d’une disparition «très inquiétante». Ils ont appris sa mort en arrivant au travail, hier matin. «C’est très douloureux. Vous imaginez le choc pour ceux qui travaillaient avec elle. On pense à sa famille», soupire un porte-parole du groupe Oxylane, dont fait partie Decathlon. Il ajoute que, dans cette entreprise où les salariés sont plutôt sportifs et joggeurs, «on est sensibles aux conditions de sa disparition». Decathlon a proposé dès hier «à ceux qui le souhaitent, surtout ceux qui travaillaient de manière très proche» avec Natacha, un soutien psychologique «pour aider à faire le deuil».

Psychiatre. Le meurtrier présumé vivait seul. Il bénéficiait d’un suivi sociojudiciaire, voyait un psychiatre ou un infirmier au moins tous les mois, peut-être tous les quinze jours, et «remplissait ses obligations», selon le procureur de Lille. Il avait vu un psychiatre pour la dernière fois en juillet.

Selon le parquet de Nanterre, interrogé par 20 Minutes, il avait effectué la peine minimum exigée avant de pouvoir demander et bénéficier d’une libération conditionnelle. Selon l’article 729 du code pénal, «la libération conditionnelle peut être accordée lorsque la durée de la peine accomplie par le condamné est au moins égale à la durée de la peine lui restant à subir». Ce qui semble avoir été le cas du suspect, à quatre mois près.

Le taux de récidive des délinquants sexuels est plus faible en cas d’aménagement de peine. En 2008, il était en France de 4,5% au total (1). Cette récidive, estime le procureur de Lille, Frédéric Fèvre, «c’est la limite de l’action du juge en matière de délinquance sexuelle. Un individu en liberté fait des choix qui relèvent de sa seule conscience». Il insiste même sur le fait qu’il s’est passé moins de vingt-quatre heures entre l’agression mortelle et la découverte du suspect, et qu’«on a probablement évité d’autres agressions».

Me Emmanuel Riglaire, l’avocat de la famille, ne remet pas en cause la libération conditionnelle et le suivi : «C’est une logique qui est souvent utile. Mais dans un filet, il y a des mailles. Et de temps en temps, certains passent entre les mailles.» 

Haydée Sabéran

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TÉLESCOPAGE - L’annonce, hier, de la découverte du corps de la joggeuse est intervenue alors que le Sénat entamait l’examen de la loi de programmation sur la sécurité intérieure (dite «Loppsi 2»). Elle inclut, comme le souhaitait Nicolas Sarkozy, l’instauration du port du bracelet électronique pour les récidivistes après la fin de leur peine :
 

ET AUSSI - Une interview du sénateur UMP Jean-René Lecerf, réalisée avant la connaissance du drame. L'ancien maire de Marcq-en-Baroeul, par ailleurs spécialiste des questions judiciaires, expliquait lundi pourquoi l’inflation sécuritaire du gouvernement passait mal, même auprès de certains sénateurs de droite :

(1) Selon Michèle Alliot-Marie, garde des sceaux, interviewée dans en novembre 2009.