Comparateur de rachat de crédit

«Je manifeste pour dire stop»


POLITIQUE - Roms, affaire Woerth, éducation : la manif devrait déborder le cadre des retraites. Témoignages de Corinne et Jean, qui expliquent pourquoi ils seront dans la rue demain à Lille, à 14h30.

Corinne, 50 ans, institutrice à Hellemmes, près de Lille : «Je ne suis pas syndiquée et ça fait un bout de temps que je ne suis pas allée dans une manif. Mais dans mon école, on est tous en grève, pour la première fois depuis 20 ans. Je fais ça moins pour les retraites que pour dire stop à toute cette politique. J'aimerais que ce soit massif, ce qui s'est passé cet été m'a révoltée. On a des enfants du voyage dans notre école depuis dix ans, deux ou trois par classe. Ils sont très respectueux des règles. Au début, il y avait des réticences, des deux côtés. Ils avaient peur d'être jugés, leurs parents les laissaient à la grille. Ils sont français, le quart monde. Ils font peur la première fois si on ne fait pas d'effort, s'il n'y a pas de dialogue. Une mère, une seule, au début, m'a demandé de ne pas mettre sa fille à côté d'eux. J'ai refusé. Les déclarations populistes, ça marche, ça surfe sur une conscience collective qui voit les gens du voyage comme des voleurs de poules, qui ne travaillent pas et qui font des trafics. Pour aller vers ceux qu'on ne connaît pas, il faut un minimum de curiosité, d'empathie, de tolérance. Sinon, au premier couac, on se réfugie derrière les idées qu'on nous a inculquées. C'est ça qui fait peur.
«Les retraites, je ne me vois pas exercer jusqu'à 67 ou 68 ans. Plus de six heures par jour devant les élèves, on doit être au taquet tout le temps. Par ailleurs, je suis en colère parce qu'on supprime les maîtres Rased pour les enfants en difficulté, pour faire des économies. Et parce que 80% des remplaçants seront des étudiants, sans aucune formation pédagogique.
Et puis, il y a toujours ce «deux poids deux mesures». Les nantis s'en sortent très bien. Pour les pauvres malheureux, comme les Roms, c'est une autre histoire.»

Jean, 62 ans, conseiller d'orientation à la retraite : «La logique, c'est toujours taper sur le plus faible. Sur les retraites, on leurre les gens avec un argument : on vit plus longtemps, donc on devrait travailler plus longtemps. Mais tout le monde ne vit pas plus longtemps, et surtout, une vie bonne, sans maladie. Mettre un signe «égal», c'est se moquer. Les gens qui ont exercé un métier pénible, ceux qui n'ont pas eu la chance de faire des études, ceux qui arrivent les plus épuisés à l'âge de la retraite seront lésés.
«Les Roms, eux, on les utilise pour plaire à une certaine catégorie d'électeurs. Il y a un cynisme ambiant. La loi Besson -l'autre Besson- (qui prévoit des aires d'accueil pour les gens du voyage, ndlr) n'est même pas respectée dans de nombreuses communes favorisées. Je constate aussi, comme bénévole à la Cimade depuis un an, des refus de délivrer un simple dossier, au guichet de la préfecture, pour remplir une demande de titre de séjour. Ce sont les plus fragiles qui souffrent. A côté de tout ça, il y a l'affaire Bettencourt, un autre versant du côté répugnant du système sarkozyste. Pitoyable. Alors un Woerth pour négocier le dossier des retraites, ce n'est pas sérieux.»

Recueilli par Haydée Sabéran

D'autres témoignages,