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«Florence Cassez se garde de faire des pronostics»


INTERVIEW - Alain Cacheux, député PS du Nord et vice-président de la communauté urbaine de Lille, a rendu visite à Florence Cassez dans sa prison mexicaine samedi dernier. La jeune femme, condamnée à 60 ans de prison pour des enlèvements, vient de se pourvoir en cassation, et ses avocats pointent de nombreuses anomalies dans le dossier. Le député explique son soutien à la Nordiste.

Comment  avez-vous trouvé Florence Cassez lors de votre visite, samedi ?
Je l'ai trouvée plutôt en bonne forme. Elle fait du sport tous les jours, elle est décidée à se battre. Elle disait qu'elle préférait regarder l'avenir, car quand elle regardait le passé, cela lui foutait le moral par terre. Elle garde l'espoir que le cauchemar va enfin se terminer, avec la procédure devant la Cour suprême mexicaine.  Mais celle-ci peut durer trois mois ou deux ans. Elle se garde de faire des pronostics. L'argumentation de ses avocats est très forte, elle montre le tissu de contradictions des accusations, qui sont largement sans fondement.

Pouvez-vous expliquer ces contradictions dont vous parlez ?
La première grosse faiblesse du dossier, c'est la date de son arrestation. La constitution mexicaine précise que toute personne mise en cause doit être déférée devant le juge sans délai. Or, il s'est passé plusieurs dizaines d'heures dans le cas de Florence Cassez, probablement une vingtaine d'heures, et ceci pour organiser la médiatisation de son arrestation.[l'arrestation de Florence Cassez a été rejouée à l'intention de la télévision par les policiers, ndlr] Ceci est d'ailleurs reconnu par les protagonistes eux-mêmes.

Ensuite ?
Il y a des décalages entre des premiers témoignages, qui disaient de pas reconnaître Florence, puis, quelques jours après, les mêmes personnes la reconnaissaient formellement. Par exemple, ils parlent d'avoir été séquestrés dans une maison bleue, ce qui ne correspond pas au ranch du compagnon de Florence Cassez, mais à celui de son beau-frère. Celui-ci n'a pourtant jamais été inquiété.

L'opinion mexicaine estime Florence Cassez coupable et prend mal la mise en cause de leur police et de leur justice par la France. Qu'en pensez-vous ?
Il y a une particularité mexicaine, qu'il faut bien comprendre : c'est une procédure entièrement écrite. Le juge se base uniquement sur des témoignages écrits, il n'y a donc jamais eu de confrontation entre Florence et ses accusateurs. Sur cela, évidemment, il n'y a rien à dire.
Dans le cas de Florence, il y a visiblement une extrême fragilité des actes d'accusation. La justice mexicaine peut faire des erreurs, comme la justice française a pu en faire, nous sommes bien placés pour savoir dans cette région que ces erreurs peuvent être lourdes. [Une allusion à l'affaire d'Outreau, où c'est le procès, avec passage des témoins à la barre, qui a permis d'innocenter 13 personnes]. 

Recueilli par Stéphanie Maurice