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V'là que la Flandre ne serait plus belge


CONFLIT - C'est une carte publiée par , à destination des touristes anglais. On y voit une Flandre qui a annexé la région de Bruxelles-Capitale, et qui côtoie, comme un Etat à part entière, la France, les Pays-Bas et... la Belgique. L'affaire a ému la semaine dernière la presse wallonne, sans que l'office de tourisme n'y change quoi que ce soit. Cette administration flamande affirme que la carte "est claire et fonctionnelle", et permet "d'apercevoir en un clin d'oeil où se trouve la Flandre et quelles villes valent la peine d'être visitées", selon Francesca Fattori, chargée de recherche au Lepac pour l'émission Le dessous des cartes, décode

Que pensez-vous de cette carte, assez étonnante, éditée par Toerisme Vlaanderen ?
Il faut d'abord dire que ce n'est pas l'apanage des Flamands d'éditer une carte qui ne représente pas la réalité. On dit toujours qu'une carte est neutre. Une carte physique décrit seulement la géographie, mais quand on essaye de dessiner des réalités socio-politiques, on peut faire dire à la carte ce qu'on veut.  Cela s'est fait de tout temps, quand la situation géopolitique est compliquée, quand il y a plusieurs groupes linguistiques, plusieurs communautés qui s'opposent. Par exemple, dans les manuels scolaires du Pays basque espagnol, le Pays basque va jusq'au Pays basque français, et la frontière entre les deux Etats, la France et l'Espagne, n'est pas tracée. Autre exemple, plus connu, dans les atlas de certains pays du monde arabe, Israël n'existe pas.

Comment déchiffrez-vous cette carte-ci ?
Nous avons une entité régionale pas du tout étatique qui se présente au même niveau que les Etats voisins. Flandre est écrit en capitales [majuscules, ndlr] comme Belgique, et est même écrit en plus grand. Sans doute dans un souci de visibilité. Le fait intéressant également est qu'ils ont intégré Bruxelles dans cette carte. Or, Bruxelles est géographiquement flamande, mais administrativement, il existe une région de Bruxelles Capitale. Les auteurs de cette carte résolvent ainsi d'emblée un problème institutionnel assez important qui est Bruxelles. La capitale est peuplée par une majorité de francophones, et plusieurs niveaux identitaires s'y croisent.  On voit bien tous les intérêts économiques, politiques que Bruxelles incarne : l'intégrer en Flandre, ce n'est pas anodin.

Est-ce un signe de l'aggravation des tensions entre Flamands et Wallons ?
Je ne ferai pas de politique fiction, mais cela ne pas dans le sens d'un apaisement. Si cette carte avait été publiée dans des cercles restreints et un peu extrèmistes, sa valeur serait tout autre. Là, il s'agit d'un office de tourisme, qui est un peu plus institutionnel.Visuellement, on donne vie à une idée. C'est une manière de dire, "nous sommes le 28e Etat d'Europe".

Recueilli par Stéphanie Maurice