INTERVIEW- corrigé le 13 août - Pour Gérard Minet, président régional de la Ligue des droits de l'homme à Lille, la politique des autorités se résume à un verbe : .
Un campement de Roms «évacué» hier à Lesquin, près de Lille, annonce la du Nord. Votre réaction?
C'est l'application bête et
méchante des directives nationales.
La préfecture indique que les
familles ont été orientées vers l'Office
français de l’immigration et de l’intégration pour
un éventuel «retour volontaire vers leur pays
d’origine».
C'est la politique traditionnelle
de la Préfecture. Ils donnent deux possibilités. La
première, c'est le retour au pays avec 300 euros par adulte
et 100 euros par enfant (et non 1000 euros par adulte et 300 euros par enfant, comme écrit par erreur, ndlr). La deuxième, c'est l'obligation de
quitter le territoire français, l'OQTF.
Neuf personnes sur les 48 ont
l'obligation de quitter le territoire. Vous pensez que si les 39
autres refusent le retour volontaire, c'est l'OQTF qui les attend?
J'en suis persuadé. A chaque
fois qu'on rencontre un représentant du préfet, la
réponse est claire : c'est soit le retour volontaire, soit
l'OQTF. J'ai posé la question à la sous-préfète
à l'égalité des chances, c'est la même
réponse. Il n'y a pas d'autre politique, il n'y a pas
d'hébergement d'urgence, pas de crédits, pas de
politique d'accueil.
En gros ils ont le choix entre partir
et partir?
Partir avec des sous
ou partir expulsés. Troisième possibilité : on les déplace. Rue de
Marquillies, il y a deux ans, ceux qui avaient une caravane en état de marche
ont été escortés par la police jusqu'à
Lens, et puis débrouillez-vous. Mais ça ne règle
rien non plus. Ceux qui arrivent en Roumanie reviennent quand ils ont tout dépensé. D'autres disparaissent, par crainte d'être expulsés. C'est ce qui s'est passé cet été à Mons-en-Baroeul, près du futur parking du Grand stade. On n'arrive plus à
localiser un des deux groupes qui étaient là, originaire de Tismisoara.
Ça pose un problème de suivi.
Ils ont de
nombreux enfants. L'essentiel, c'est la scolarisation, y compris dans le domaine de la sécurité. Sans scolarité, pas
d'intégration. Sans intégration, il y le risque de la
violence. La priorité, c'est de trouver des terrains,
pour que ces enfants aillent à l'école.
Recueilli par Haydée Sabéran
Photo Pascal Rossignnol/Reuters : le 9 août à Lesquin.