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A Loon-Plage, les migrants se font couper l'eau potable


SOCIÉTÉ - C'était un point d'eau potable. Pour boire, cuisiner, se laver, laver les habits. Médecins du Monde avait monté cette citerne sur le campement d'une cinquantaine de migrants afghans et kurdes de Loon-Plage, près de Dunkerque, malgré le désaccord du Port Autonome. La citerne a été démantelée par les autorités portuaires. Vincent Hirel, logisticien de Médecins du Monde à Dunkerque, .

Quand aviez vous installé cette citerne?
Le 21 juillet. Deux jours après, nous avons reçu un mail du port nous demandant de l'enlever. On était en pourparlers avec le port. On se demandait si ce mail était formel, si la citerne serait tolérée.

Gênait-elle?
Non, mais le port estime qu'elle favoriserait l'implantation des migrants.

C'est l'éternel débat : les autorités disent qu'aider les migrants, c'est créer un appel d'air, les humanitaires parlent de dignité et de santé publique.
La citerne a été détruite vendredi. Deux jours après le vote d'une de l'Onu qui reconnaît l'accès à l'eau potable comme un «droit humain fondamental». C'est par ailleurs un problème de bon sens. L'an dernier à la même époque, on a dû faire face à une épidémie de gale à Calais. La douche la plus proche, pour les migrants de Loon-Plage, est à trois kilomètres et demi, dans un préfabriqué, ouvert une à deux heures par jour.

Dans quel cadre aviez-vous installé cette citerne?
Notre but, c'est d'améliorer les conditions de vie des migrants sur le plan de l'hygiène et sur le plan sanitaire. Ca veut dire un accès à l'eau potable, à des latrines, et le ramassage des déchets, en plus de l'accès aux médecins chaque semaine sur les trois sites dunkerquois : Loon-Plage, Téteghem, et Grande-Synthe. Il y a eu 140 interventions, 1900 consultations sur toute l'année 2009. Nous constatons que 40% des problèmes sont des dermatoses, dûs au manque d'hygiène. Pour le reste, des problèmes ORL, dûs au froid et au vent, et de la traumatologie, dues à des chutes de camions ou à des courses pour éviter la police.

Où en êtes vous?
Nous installons des latrines, un trou dans le sol et des planches, pour éviter que les champs alentour ne deviennent des champs de déjection, vecteurs de maladies. Nous nettoyons les sites avec les migrants. Nous avons l'accord du maire de Grande-Synthe (Damien Carême, PS, ndlr) pour créer un point d'eau. A Téteghem, nous avons l'accord du maire (Franck Dhersin, UMP, ndlr), mais le propriétaire du terrain est la Communauté urbaine de Dunkerque (présidée par Michel Delebarre, PS, ndlr), nous sommes en pourparlers.

Allez-vous installer une nouvelle citerne?
Non, puisqu'elle a été tout de suite démantelée. Nous allons essayer de trouver une autre solution, pour acheminer l'eau de manière efficace.

Recueilli par Haydée Sabéran

Photo : La citerne prise par Vincent Hirel, avant son démontage par les autorités du port de Dunkerque.