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Le bus, les vaches et le griot


CONCERT - C'était samedi soir aux nuits secrètes, le festival d'Aulnoye-Aymeries. Parcours secret numéro 2B, on grimpe dans un bus aux vitres opaques. On va voir un spectacle, mais on ne sait pas ce que c'est, ni où on va. Une voix : «Hou, c'est tout noir»

Pas assez de place pour tous s'asseoir, on se lève pour les vieilles dames. Une fille s'assoit sur les genoux d'une copine. «J'ai pas les fesses pointues» . Le bus démarre. Une habituée : «Une année, ils ont fait la plage dans un des bus. Une autre, des nains de jardin partout. Mais partout! Tu pouvais plus t'asseoir». Elle reprend son souffle. «L'année dernière, on s'est retrouvé dans un château, je saurais pas te dire lequel. Un groupe anglais, des lumières dans les arbres. Gé-nial. Pour Didier Super, des gens sont partis au bout d'un quart d'heure».

Le bus s'arrête. Dehors, des vaches, et une église. C'est là. Un type à sa fenêtre fait coucou. «C'est le bedeau», ce marre un spectateur.

Devant l'autel, entre une statue de la vierge et un saint, voilà Ballaké Cissoko, en boubou vert à la kora, harpe malienne, et Vincent Ségal, en costard gris au violoncelle. Ces deux-là s'aiment, c'est évident. Ils jouent du traditionnel malien à l'unisson, puis s'échappent, polyphoniques. Ségal fait le griot en pizzicati sur son violoncelle, se penche vers son compagnon, cheveux et sourcils en bataille. Cissoko effleure les cordes, magicien, souriant, lâche des «mhm». Une lumière rasante se pose, ça a l'air étudié pour. On vole. Entre deux morceaux, Ségal raconte qu'ils ont mangé des frites à Sars-Poteries, et discuté «avec la fritière».

Haydée Sabéran