CULTURE - Avec La Grande Sophie (photo), Thomas Fersen et DJ Zebra, les harmonies du Nord sont à l'Olympia. Thomas Fersen joue avec celle de Linselles, DJ Zebra avec celle de Lens. Vendredi, la Grande Sophie est au Sebastopol avec celle de Lille-Fives. Le 16, tout le monde à Paris. Hervé Brisse, tuba solo de l'Orchestre national de Lille et catalyseur de tout ça, .
C'est une vieille
histoire?
C'est la cinquième édition d'Un monde en fanfare. C'est né
avec l'association Bazar. On voulait travailler sur une nouvelle
image des orchestres d'harmonie. Je me suis posé la question
de leur place dans la société du 21ème siècle.
Aujourd'hui, l'offre culturelle est pointue, les publics exigeants.
Moi qui ai un pied dans le monde professionnel et un pied dans le
monde amateur, je me suis dit «pourquoi ne pas relier les
deux?»
Vous avez eu du mal à convaincre
les artistes?
Ça n'a pas été
facile, ce sont deux styles de travail différents. Il faut
faire le lien, et une fois qu'on a fait ce lien, ça leur
plaît. On a déjà joué avec la Grande Sophie sur la
scène des Francofolies de La Rochelle. On a travaillé avec Gotainer, avec Benjamin
Biolay, Michel Delpech.
Comment vous faites le lien?
La Grande Sophie, Thomas Fersen et DJ
Zebra ont proposé leurs arrangeurs, qui ont fait les
partitions pour les musiciens d'harmonie. Ça a été
un élément de confiance.
Ça a marché?
Il faut voir leur engouement. La Grande
Sophie dit que ça lui a permis de redécouvrir ses
chansons, de les voir ainsi transformées par un orchestre de
60, 70 musiciens.
Et les musiciens?
Impressionnés quand le chanteur
débarque à Linselles, à Fives, à Lens. Le
moment de silence quand le chef d'orchestre lève les bras,
c'est magique.
Vous avez répété
souvent avec les artistes?
Trois fois. Ils étaient très
impliqués, avec des choses modifiées jusqu'au dernier
moment.
Il paraît que la région compte le plus d'harmonies et de fanfares?
C'est lié au passé
industriel, minier et sidérurgique. Les ouvriers avaient
besoin de se divertir. Les patrons, eux, soutenaient les harmonies
pour avoir un œil sur la vie de leurs ouvriers. C'est aussi à ça que servaient les kiosques à musique, à avoir un œil sur les gens. C'était aussi
une histoire d'image pour les Houillières. Les musiciens-mineurs qui
jouaient dans l'harmonie ne descendaient plus au fond. Leur niveau
musical était très bon, semi-professionnel.
L'image des harmonies, elle est
ringarde.
Un peu vieillote, c'est vrai. C'est ce
que pensent ceux qui ne les connaissent pas de près. On peut
jouer de l'électro avec un orchestre d'harmonie. Je suis issu de ce milieu des
harmonies. Quand j'étais élève au conservatoire
d'Amiens, j'accompagnais mon père qui dirigeait celle de
Doullens dans la Somme. C'est un lieu où il se passe plein de
choses, avec des jeunes, des vieux, des filles des garçons. Un
mélange humain, une ambiance extraordinaire. Les jeunes sont
fougueux, bardés de diplômes, les vieux plus sages. Ça
fait une alchimie, une chaleur qu'on transmet. On va essayer
de montrer que c'est aussi du swing, du punch, que c'est d'actualité.
Recueilli par Haydée Sabéran
Photo : La Grande Sophie/ E. Vernazobres
LE PROGRAMME - A Lens : jeudi 13 mai Colisée - 18h gratuit sur réservation au Théâtre : 03 21 28 37 41
Thomas Fersen accompagné de l’Harmonie de Linselles, Dj Zebra accompagné de l’Harmonie de Lens
A Lille : vendredi 14 mai 2010 Théâtre Sébastopol - 21h, gratuit sur réservation au Théâtre : 03 20 54 44 50. «La folle journée d’Albert Dewlaminck», conte musical avec Eric Bleuzé et l’Harmonie d’Arras. La Grande Sophie accompagnée de l’Harmonie de Lille-Fives.
A Paris : dimanche 16 mai Olympia - 19h. Dj Zebra accompagné de l’Harmonie de Lens. La Grande Sophie accompagnée de l’Harmonie de Lille-Fives. Thomas Fersen accompagné de l’Harmonie de Linselles. Réservations : L’- 0 892 68 33 68 / 0,34 €/mn 18 Euros.