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Où donner de la tête dans les Paradis artificiels ?


MUSIQUE - Ce soir, soirée pulls moches au Peek-a-Boo, demain les Stooges au Zénith, dimanche Daniel Johnston, figure de la scène indé américaine, en film, expo, et sur scène... N'en jetez plus, le festival les Paradis artificiels squatte (presque) toutes les salles de la métropole, du Zénith aux clubs, des petites aux grosses pointures. Choix, partiel et partial,

Ce soir, à partir de 20h, soirée pulls moches au Peek-a-boo, rue de l'Hôpital militaire (gratuit)- Danser avec le jersey de votre armoire, mais si, mais si, celui de la tante Germaine, qui pique, avec des mailles trop larges et une tête de Mickey stylisée, ce n'est que là. On vous prévient, seuls ceux qui connaissent la réponse à la blague "quelle est la différence entre un pull-over et une moule ?" entrent (pour la réponse, vous avez bien un copain féru de plaisanteries nulles, hein, parce que là, le bon goût m'interdit de la donner).

Samedi, à 20h, Green Vaughan, à la Péniche (5 euros)- C'était une première partie qu'on s'apprêtait à gratifier d'un coup d'oeil distrait, quand tiens, tiens, on s'est laissé prendre par le techno-rock de ce duo lillois, dansant et vibrant, avec chanteur qui se déchaîne, vidéos bien foutues en fond de scène, et guitariste à l'abattage. Sur disque, les arrangements se font plus complexes, Antoni Carneiro et Nico Djavanshir se sont amusés avec leurs ordinateurs, repiquages de sons, voix syncopée, riff de guitare remontée à l'envers. "On compose et on enregistre en même temps, c'est la magie de l'ordinateur", expliquent-ils. L'un et l'autre viennent d'univers sonores différents, techno-dance-rap pour le premier, punk-rock pour le second, et ils acceptent le téléscopage, l'amadouent, même s'ils avouent des engueulades. "Chacun arrive avec ce qui l'intéresse. On fait écouter à l'autre. Un son nous plaît, on le copie, on le duplique, on place une voix, une deuxième, une troisième voix, on met des effets. On crée les morceaux sans les calculer." Cela donne : "C'est le deuxième ou troisième morceau qu'on a composé. On n'est pas sorti de l'appart' pendant une semaine, on était dans un tout petit truc, avec un ordi et une guitare. Nico voulait une basse bien présente, et moi du triangle.On a juste gardé une note de gratte, qu'on a répété dix fois, et branché la voix dans une pédale de distorsion, pour que cela ressemble à  un solo de guitare", se souvient Antoni. Nico le coupe : "La distorse, c'était une erreur à l'origine". Antoni approuve : "En fait, notre musique, c'est cela, c'est bourré d'erreurs." D'ailleurs, ils avaient oublié un truc, c'est que la musique, ça se joue devant un public, plaisir qu'ils ne voulaient pas se refuser, mais à trop bidouiller, leurs compos étaient impossibles à reproduire en live. Donc sur scène, c'est son plus brut, guitare plus présente et show plus rentre-dedans que ne laisse l'imaginer l'écoute sur disque. Et c'est tant mieux. 

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Samedi encore, à partir de 19h30, The Stooges, au Zénith (33 euros) - Don d'ubiquité nécessaire, pour ce festival. On ira, pour se croire, juste deux heures, en 1973, à Detroit (USA), quand le son rageur de la deuxième formation des Stooges rugissait, éclaboussait de sa hargne le flower power. Grand retour, aux côtés d'Iggy Pop, de James Williamson, le guitariste de l'album Raw Power. C'est sûr, on entendra Search and Destroy, hymne punk avant l'heure.

Dimanche, hommage à Daniel Johnston. Exposition toute la journée et projection du documentaire The devil and Daniel Johnston à 14h30 et 17h30 (gratuit) à la gare Saint-Sauveur. Concert à 20h au Splendid (24 euros) - Daniel Johnston se prend pour Captain America, et plante le petit bimoteur de son père au retour d'un concert. Encore en vie par miracle. Daniel Johnston est l'un des plus grands songwriters de sa génération, celle des Sonic Youth. Daniel Johnston est maniaco-dépressif, il croit à l'existence du diable, il vit depuis vingt ans dans l'univers groggy de ses médicaments et de ses hallucinations. Le voir chanter, mains tremblantes agrippées au micro, ses balades les plus poignantes (True Love Will Find You In The End), accompagné sur cette tournée d'un orchestre avec cordes et cuivres, tient du fragile. Le documentaire sur sa vie est passionnant, mais en anglais sans traduction, et l'exposition de ses dessins montre sa fascination pour les super héros et la lutte entre le mal et le bien. 
Photo : Tim Broddin.
 

Stéphanie Maurice