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Roms en mobil home : des maires réfractaires


SOCIÉTÉ - Ils sont citoyens européens, mais pas tout à fait, quand même. Entre 1000 et 1 200 Roms, en majorité roumains, vivent dans 145 caravanes délabrées éparpillées sur 18 sites de campement sauvage de la métropole lilloise. Il y a dix mois, la communauté urbaine de Lille avait promis des mobil homes pour loger 200 d'entre eux. Seuls 80 sont hébergés de cette façon aujourd'hui. 

C'était à une des entrées de Lille, porte de Valenciennes, à deux cent mètres de la gare Saint-Sauveur, le site vedette de Lille 3000. Ils étaient massés là, dans des conditions de fortune, un froid de canard. Les automobilistes craignaient à chaque tombée de nuit de ne pas voir les enfants, dont la rue était le terrain de jeu et de mendicité. Le 5 mars 2009, une semaine avant l'ouverture des festivités de Lille 3000 (thème, Europe XXL), ils ont été évacués par les forces de l'ordre : "Les Roms dont les caravanes ne roulaient plus ont été emmenés à l'ancienne gare de Lomme, les autres ont été emmenés en convoi jusqu'à la sortie Lens, sur l'autoroute, dans le Pas-de-Calais", explique-t-on à la Ligue des droits de l'homme. Pour revenir ensuite dans la métropole lilloise. "Le nombre est stable", confirme-t-on du côté du collectif Roms.

A l'époque, la communauté urbaine de Lille s'était engagée à trouver les emplacements nécessaires pour loger 200 Roms. Ceux qui étaient les plus intégrés, qui avaient scolarisé leurs enfants. L'Etat prenait en charge le coût des mobil homes et de l'accompagnement social, prévu pour faciliter l'intégration de ces populations dans les villes concernées. "Mais on a eu très peu de propositions d'accueil de la part des maires", regrette Malik Ifri (Verts), chargé des terrains pour les gens du voyage à Lille Métropole. Sans compter les réticences. A Lille-Sud, l'installation des Roms sur un terrain où il y avait un projet de jardin collectif a provoqué une levée de boucliers chez les habitants. L'idée a été abandonnée. Seuls trois sites accueillent les mobil homes : Faches-Thumesnil, Lille-Fives, Halluin. Les travaux de viabilisation d'un terrain ont commencé à Roubaix pour cinq mobil homes. Une vingtaine de Roms devraient être concernés. "Mais désormais l'Etat considère que l'accueil en mobil home avec un accompagnement social est une réponse qui lui coûte trop cher. Il s'oriente plutôt vers une solution en dur", affirme Malik Ifri. La préfecture le confirme ; elle en est à la recherche de terrains constructibles. Pour l'hiver, les places d'urgence disponibles sont celles du droit commun. Les Roms y ont accès, comme les autres. L'année dernière, ils étaient principalement logés sur Armentières et Bailleul, entre 18 et 29 kilomètres de Lille. Ces déplacements rendent difficiles la scolarisation des enfants.

Stéphanie Maurice

Coincés entre autorisation de travail et preuves de ressources. Les Roms sont dans leur majorité Roumains, donc sont citoyens européens. Mais leur pays est un nouvel entrant, et la France a décidé de leur imposer une période transitoire qui devrait durer jusqu'en 2013. "L'intégration de ces pays à l'Union ne signifie pas ipso facto au profit de leurs ressortissants d'un droit au séjour inconditionnel", explique la circulaire du 22 décembre 2006. Donc, au bout de trois mois, les Roumains doivent apporter la preuve de ressources suffisantes pour rester en France, afin de n'être pas "une charge déraisonnable pour le système d'assistance français". Précisons ici qu'ils n'avaient pas le droit au RMI, et qu'ils n'ont pas le droit aujourd'hui au RSA. Mais dans le même temps, ils ont besoin d'une autorisation de travail : la procédure est longue et l'employeur doit débourser 900 euros pour un contrat de plus de douze mois. Autant dire que les chances de trouver un boulot, en trois mois, sont quasi nulles. La Halde (Haute autorité de lutte contre les discrimations et pour l'égalité) a dénoncé cet état fait dans une délibération du