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Objet de l'année? «Une carotte»


BILAN - La plus grosse colère en 2009, le plus grand plaisir? Une image, une personne? Libé Lille pose les mêmes questions à des gens d'ici, connus ou pas. Aujourd'hui, Guy Laplatine, délégué CFDT à Auchan. Objet de l'année? Une 

Ce qui vous a le plus réjoui en 2009 ?
La révélation au grand public d'une affaire que nous traînons depuis cinq ans : Auchan n' a pas payé pendant plusieurs années le Smic, en jouant sur le temps de pause : nous avons déposé 1600 dossiers aux Prud'hommes, les médias en ont parlé et pour nous, c'est important. Nous attendons maintenant que les jugements nous donnent raison.

Et ce qui vous a mis le plus en colère ?
L'obscénité et le cynisme de ces seigneurs du monde que sont les banquiers. Ils nous ont fabriqué une crise, et ils s'en mettent plein les poches avec l'argent que nous leur avons donné pour réparer leurs bêtises. Pendant ce temps, les conséquences sociales sont lourdes. Bientôt, on va nous dire qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses pour les retraites. Le chômage a un impact important sur les comptes sociaux. Pire, nous avons sécurisé les banquiers et leurs mercenaires que sont les traders, puisque nous leur avons permis de se renflouer.

L'image que vous retenez ?
Celle de Gérard Mulliez avec son auréole sur la tête [il a été béatifié par le collectif Sauvons les riches, ndlr] lors du Forum social à Lille. Cela m'a bien fait marrer. Il n'a rien compris, il a cru à une farce d'étudiants. Il n'a pas vu le message qui passait là-dessous, que son discours de patron social, alors qu'il est la première fortune de France, est une grosse esbrouffe par rapport à la réalité de terrain d'une multinationale comme Auchan. On est bien loin de l'économie solidaire.

Une personne ?
Nicolas Sarkozy, et sa capacité à rebondir. Son projet lors de la campagne d'être le président de l'hyperconsommation, avec son travailler plus pour gagner plus, n'était plus du tout dans le coup, car il est confronté à une crise profonde. Il réussit un virage à 180°, il arrive à rebondir de façon incroyable. Il veut sauver la planète, comme il a sauvé le monde de la crise des subprimes. Et tout cela passe auprès des classes populaires.

Un objet ?
Une carotte. On est dans la société de la carotte, marquée par la consommation. Sieur Sarko sur son âne, entouré des médias, et devant lui une carotte qui pend, et des gens qui courent. Ils devraient être des citoyens, ils sont en fait des consommateurs. La carotte, c'est le principal ressort de la société aujourd'hui, et c'est en complet décalage par rapport aux problématiques.

Ce que vous voudriez voir bouger en 2010 ?
Je voudrais que les salariés prennent conscience que leurs patrons sont tous syndiqués dans des chambres patronales, et qu'ils devraient eux aussi se syndiquer. Les syndicats seraient alors représentatifs et pourraient travailler un rapport de forces. Il faut qu'ils nous aident à nous bagarrer pour eux et avec eux. Pour un salaire de 1000 euros, ça coûte 7,50 euros, avec 5 euros déductibles des impôts. Coût réel, 2,50 euros, et cela nous permet d'être plus forts.

Recueilli par Stéphanie Maurice

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