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L'Institut Pasteur de Lille va fondre de moitié


ÉCO-TERRE - Treize heures, aujourd'hui, devant le vénérable Institut Pasteur de Lille : banderoles, rassemblement et chants plus ou moins justes. Ils sont dans les 80 à s'être mobilisés pour accueillir le conseil d'administration. Peine perdue, celui-ci a validé cet après-midi la séparation en deux moitiés de la fondation. D'un côté la recherche et la santé publique, de l'autre les analyses des eaux et des aliments, qui seraient confiés à une société privée. Dans le mégaphone, un délégué Sud s'époumone :"Le conseil d'administration veut renier le vote de 1894 du conseil municipal de Lille, qui a créé cette fondation à but non lucratif, parce qu'il voulait que les bénéfices soient réinjectés dans la recherche, pour le bien public."

Avec cette scission, 300 employés sur 780 vont sortit de la fondation Pasteur pour rejoindre la nouvelle filiale créée. Le conseil d'administration estime à l'unanimité que cette procédure est nécessaire, pour respecter la règle d'une concurrence non faussée dans les secteurs concernés. En effet, Pasteur étant une fondation, il n'est pas soumis à l'impôt sur les sociétés comme ses rivaux. Jacques Richir, adjoint au maire de Lille et vice-président du conseil d'administration, explique : "A terme, le risque était de perdre pour la fondation le statut d'utilité publique." Même elle reverse ses bénéfices à son secteur recherche.

Les salariés, eux, craignent d'être moins protégés et que ce transfert soit l'occasion de mettre en place un plan social. Ils ont obtenu du conseil d'administration une garantie : en cas de licenciement, ils pourront revenir au sein de la maison-mère, chez Pasteur.

Depuis la libéralisation du secteur, les analyses des eaux ont vu leurs prix cassés, avec des baisses de 50% des tarifs. Beaucoup moins rentables donc. Selon Sylvie Loiseau, déléguée Sud et chargée d'études dans une unité de recherche à Pasteur, le secteur rapportait, avant l'ouverture à la concurrence, deux millions d'euros de bénéfices par an. "Maintenant, c'est sûr que c'est plus faible", reconnaît-elle. Les salariés restant dans la fondation s'inquiètent également : "le secteur de la recherche perd de l'argent depuis des années", explique Sylvie Loiseau. "Il est sûr que ce manque à gagner va obliger les chercheurs à trouver de nouveaux contrats industriels", pour se financer.

Les syndicats CGT et Sud ont lancé une pétition auprès des Lillois, parce que l'institut Pasteur a été créé grâce à une souscription publique.Elle a rassemblé 1932 signatures, qui n'ont pas fait penché la balance. " Les gens s'intéressent à l'institut", affirme Sylvie Loiseau. "Pasteur, c'est un mot magique, une garantie d'indépendance". Même si c'est un organisme dépendant du droit privé, et menant depuis un moment une politique d'expansion : Pasteur a racheté des sociétés d'analyse des eaux, pour en faire des filiales. C'est justement ce développement d'une activité commerciale qui pouvait à terme menacer l'identité fondatrice de Pasteur.

S.M.