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Mosquée taggée à Maubeuge : "la tolérance doit reprendre le dessus"


RELIGION - Dans la nuit de samedi à dimanche, des tags nazis ont souillé la mosquée, en cours de construction, de Maubeuge. Bouziane Mimouni, secrétaire général de l'ATCM (association des travailleurs et commerçants marocains), et l'un des responsables du lieu cultuel et culturel, s'attriste de voir marqué "islam hors d'Europe" sur un monument qui, pour lui, "fait partie du patrimoine français".

Vous expliquez que les murs taggés ne sont pas ceux d'une mosquée, mais ceux d'un lieu cultuel et culturel. Quelle est la différence ?
Bien sûr, il y a un lieu de prières à l'intérieur, mais il y a aussi des classes, une salle de conférence ouverte à tout le monde, une bibliothèque qui contiendra des livres de culture générale. Nos enfants ont besoin de connaître l'histoire de France, ainsi que l'histoire de leur pays d'origine. Nous sommes des modérés, ouverts à tous.

Avez-vous rencontré des difficultés quand votre association a voulu construire ce lieu de culte ?

Non, aucune. Nous espérons avoir terminé la construction du bâtiment fin 2010, mais tout dépendra des dons que nous recevons. Car nous ne sommes financés par personne, ni par l'extérieur, ni pas des subventions. Nous recevons de l'argent des Maubeugeois et des Maubeugeoises, et nous délivrons des reçus et même des attestations fiscales. Tout se fait en transparence, avec un commissaire aux comptes. Je vis depuis trente-cinq ans à Maubeuge, et c'est la première fois que je vois des inscriptions comme ça.

Quelles sont les inscriptions que vous avez découvertes, dimanche matin ?
Des croix gammées, des SS ont été marqués sur les murs, comme ils ont fait à Arras et ailleurs. Ils ont aussi inscrit "islam hors d'Europe" : hors de 27 pays, c'est ridicule. Là où je ne comprends pas, c'est qu'ils mélangent tout, tout le monde dans le même panier. L'antisémitisme, avec les croix gammées, sur un lieu de prières musulman. 

Que ressentez-vous ?
Je suis attristé. Je considère ce lieu cultuel et culturel comme un patrimoine français. Il ne va pas bouger de là. Et nos enfants sont français, ils sont tous nés ici à Maubeuge ou dans la région. Pour moi, c'est un monument français comme peut l'être une église. Maintenant, je ne veux pas rester figé sur cette affaire. La tolérance doit prendre le dessus. Il ne faut pas tomber dans le piège qui nous est tendu, répondre à la provocation par de la provocation. Ce n'est pas à nous de reprendre la main : un dépôt de plainte a été fait hier matin. Aujourd'hui, le sous-préfet d'Avesnes-sur-Helpe nous a rendu visite, nous avons reçu un fax du préfet. Cela nous touche, nous ne nous sentons pas abandonnés.

Recueilli par Stéphanie Maurice