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A Arras, le mur de Berlin, de Hitchcock à Wenders



CINÉMA  -
Onze films autour du mur de Berlin, avant, pendant, et après le mur, entre Hitchcock, Billy Wilder, les Ailes du désir de Wim Wenders, et d'obscurs cinéastes Est-allemands redécouverts. C'est au dixième festival du film d'Arras. Eric Miot, délégué général, .

La rétrospective autour du mur de Berlin, elle dit quoi?
Notre idée, c'est raconter cette histoire à travers des individus. On voulait couvrir toute la période, montrer des cinéastes des deux côtés, mais aussi le regard américain, avec un film comique de Billy Wilder, et un film d'espionnage de Hitchcock.


Pourquoi ce regard en plus?
On voulait montrer l'imaginaire sur l'Allemagne de l'Est. Avec Le rideau déchiré (1966), Hitchcock voulait être vraisemblable, il a même envoyé un infiltré à l'Est, juste pour enregistrer les bruits de la rue, pour qu'on ait du son authentique. Mais il ne peut pas éviter cette vision qu'on avait tous, la chape de plomb, les couleurs grises et ternes, le passage des espions. L'autre film, Un, deux, trois, de Billy Wilder (1961) est comique, cartoonesque même, et il renvoie tout le monde dos à dos. Il a été tourné pendant la construction du mur.

On voit le mur dans les films de l'Est?
Non. Le premier film est-allemand de la rétrospective date de 1957, avant le mur. Trois jeunes sur la tangente, qui font des petits trafics entre l'Est et l'Ouest, et aussi l'hémorragie, les gens qui partent s'installer à l'Ouest, ce qui sera à l'origine du mur. Sabine Kleist, 7 ans (1982), raconte la déambulation d'une petite fille dans la ville, on voit des militaires soviétiques, une atmosphère, pas le mur.


Un film de l'Est parle du mur, sans jamais le montrer. C'est Le ciel partagé de Konrad Wolf, en 1964, l'histoire d'un couple séparé par le mur. Lui, un chercheur, passe à l'Ouest. Elle le rejoint, puis choisit de rester à l'Est.


Un film de propagande?
Un film prudent plutôt, qui a réussi à passer la censure. Il dit des choses sur la société est-allemande, montre la vie comme elle est, et laisse la place à l'imaginaire.

La chute du mur, le 9 novembre 1989, a déclenché une grande joie. Est-ce qu'on la retrouve?
Nous n'avons pas trouvé de film qui parle de joie. Je recommande le documentaire Allemagne Allemagne, de Peter Fleischman (1991), tourné après la réunification. C'est incroyable, les gens parlent sans pudeur, un constat dur, exhaustif. Les gens de l'Est qui regrettent le passé, les gens de l'Ouest qui méprisent ceux de l'Est. Le film montre aussi des choses peu connues, ce village encerclé par le mur, auquel on accédait par une espèce de couloir. C'est fou, ça m'a fait penser au mur de Palestine. Le film qu'on attendait. L'auteur sera là pour en parler.

Trois réalisateurs seront là, dont un de l'ancienne RDA. Quelle question leur poser, vu d'ici?
On a envie de savoir ce que la chute du mur a changé pour le cinéma allemand. Un cinéaste d'Allemagne de l'Est, il avait un statut, comment fait-il ses films maintenant? Est-ce qu'on leur a reproché d'avoir fait la propagande du régime communiste? Ce sont des choses méconnues. 

Recueilli par Haydée Sabéran

Festival international du film d'Arras, du 6 au 15 novembre. Plus d'infos , et