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Le «thriller» des ouvrières de Samsonite à la télé


MÉDIAS - C'est l'histoire de 200 ouvrières qui se sont battues contre leur ancien employeur, et qui ont gagné... quelques batailles. «Un vrai thriller», dit Hélène Desplanques, documentariste, qui en a fait un film, montré en avant-première aux anciennes de l'usine, ce soir à Hénin-Beaumont. .

Comment est venue l'idée du film?
C'était il y a deux ans et demi, je terminais un premier film, à Lille. Je voulais tout de suite en faire un deuxième. J'ouvrais les journaux tous les matins, la région était frappée depuis longtemps par les fermetures d'usine, mais il y avait plein de situations que je ne comprenais pas, ça m'énervait. Et puis j'ai lu un article dans , avec de très belles photos, sur le conflit Samsonite à Hénin-Beaumont. Je me suis d'ailleurs trompée d'usine, je suis allée à , qui fermait aussi. Ils m'ont dit «non, Samsonite, c'est de l'autre côté». J'y suis allée, et j'ai été accueillie avec chaleur. Il y avait des gosses partout, il y avait des femmes qui tricotaient, il y avait une camaraderie. L'usine comptait une immense majorité de femme. Elles m'ont dit «reste, notre avocat va arriver». Je suis restée, j'ai vu cet avocat leur parler, leur expliquer, décrypter les enjeux avec pédagogie, cet avocat parisien qu'elles regardaient intensément parce qu'elles jouaient leur vie, et je me suis dit, «c'est une scène de cinéma». L'intensité de cette échange, qui a continué, c'est devenu la matière du film. 

Qui raconte quoi?
C'est un thriller social, un film à suspense. Des gens ordinaires dans une situation extraordinaire, et qui se révèlent être à la hauteur. Une entreprise qui ferme, et 200 salariés qui occupent leur usine et découvrent une énorme fraude. On tire le fil  des responsabilités, on trouve des faux repreneurs, l'usine Samsonite, devient Energy Plast, on arrive à une entreprise américaine, des fonds d'investissement : le rapport simple ouvrier-patron n'existe plus, c'est la dilution des responsabilités dans l'économie mondialisée et dans la financiarisation de l'économie.

Et c'est angoissant.
Ça m'angoissait déjà avant de les rencontrer. Comment peut on ainsi faire le deuil de centaines de salariés en un claquement de doigts? Que sont devenues nos vies dans un monde aussi opaque? Une ligne dans un tableau excel? Elles n'avaient plus de prise sur leur vie. Se battre leur donne une emprise sur leur vie.

Et elles sont en train de gagner?
Elles ont gagné deux victoires. Le tribunal de Béthune a cassé le contrat de session de Samsonite à Energy Plast, une en France. Et puis, grâce à ce jugement, elles ont gagné une deuxième bataille aux prud'hommes, elles ont obtenu une de la part de Samsonite, puisqu'il était resté leur véritable employeur.

Elles seront là ce soir.
La première leur est dédiée. Elles sont invitées, avec les enfants, les maris, les amis. 

Recueilli par Haydée Sabéran

Liquidation totale, de Hélène Desplanques. Avant première du film ce soir, devant les salarié(e)s. Puis le jeudi 22 octobre au Fresnoy de Tourcoing à 20 h. Le film passe sur France 3 Nord-Pas-de-Calais, le samedi 24 octobre, à 15 h 55, et bientôt sur la RTBF et Public Sénat.