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Enceinte, zéro alcool : le message passe chez les Ch'tis


SANTÉ - Le slogan est sur les affiches et dans les spots cinéma des salles du Nord Pas-de-Calais : «Zéro alcool pendant la grossesse, le faire savoir, un devoir». La consommation baisse chez les jeunes, mais la région reste la deuxième la plus touchée par le syndrome d'alcoolisation fœtale après la Bretagne. Explications avec le Dr Laurent Urso, alcoologue au Centre hospitalier de Roubaix.

«Zéro alcool pendant la grossesse», le message s'adresse à toutes?
Il y a deux types de femmes concernées. D'abord les alcoolo-dépendantes, pour lesquelles la prise en charge est lourde, au delà de la simple information.C'est un problème avant la grossesse, qui devient aigu avec la grossesse et qui nécessite un suivi après. Cela concerne 5% des femmes enceintes, en France, comme dans le Nord-Pas-de-Calais. Et puis il y a 95% des consommatrices, qui n'ont pas de difficulté avec l'alcool. Le message s'adresse aussi à elles, elles ne savent pas toujours que quand elles boivent, leur alcoolémie sanguine est égale à celle du fœtus. Quand elle est à 0,20, il est à 0,20 aussi.

Qu'est-ce qui se passe?
Le placenta ne filtre pas. Or ses organes sont immatures, et il subit encore plus les conséquences de l'alcool. Le fait d'être dans le ventre de sa mère, on peut comparer ça à un aquarium. Il absorbe l'alcool, puis il l'urine, et le réingère. Ça entraîne des dommages scientifiquement prouvés à partir de de deux verres par jour.

Et en dessous de deux verres par jour?
En dessous on ne sait pas. On peut dire que zéro alcool, c'est zéro risque, y compris pour quelqu'un qui a un désir de grossesse.

Pas facile quand on vous dit : «Allez, un petit verre, un peu de champagne pour fêter ça».
C'est vrai. Pourtant, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada, le message «zéro alcool pendant la grossesse» est passé. Ici, chez les femmes enceintes, les hommes autour, la famille, les amis, les voisins, on ne doit pas remettre en question ça. C'est du bon sens. Les choses sont en train de bouger.

Les marchands d'alcool sont-ils un obstacle?
Les lobbies alcooliers, sur ce terrain là, ont tout intérêt à bouger. S'ils jouaient franc jeu en mettant sur leurs bouteilles des logos visibles, colorés, ça aurait un impact positif sur leur image. L'objectif n'est pas de mettre tout le monde au pain sec et à l'eau, mais de dire qu'il y a des circonstances où on ne peut pas boire : si on est enceinte, ou si on travaille en haut d'une grue, ou si on est malade du foie.

Et les médecins qui prescrivent un verre de vin par jour pendant une grossesse, ça existe encore?
J'aimerais vous dire que non. Mais il y a toujours des professionnels qui n'ont pas envie de voir. L'Union régionale des médecins libéraux envoie des délégués pour faire de l'information auprès des médecins.

Comment ça évolue dans la région?
Il y a deux populations dans le Nord Pas-de-Calais. Les plus de 30 ans, et les moins de 30 ans. Les premiers n'ont pas vécu la prévention, l'information. Là, on est en tête, premier ou deuxième en France pour les conséquences de l'alcool sur la santé. En revanche, pour les moins de 30 ans, on est les champions de France de la modération, disons les moins pires.

Pourquoi?
D'abord la prévention, qui doit avoir de l'influence avec le temps. Et puis le fait que les modes de consommations s'uniformisent à travers la France, et même l'Europe. A Lille, Londres, Rome, Bordeaux, ou Berlin, les jeunes ont tendance à consommer de la même façon.Du coup, le Bordelais a tendance à augmenter sa consommation, et à boire plus de bière, et le Nordiste à moins consommer que ses aînés.

Recueilli par Haydée Sabéran

LA JOURNÉE - Demain, le 9/9/9, c'est la journée de sensibilitation sur le syndrome d'alcoolisation foetale. Toute la semaine, l'Assurance maladie en parle sur les marchés, dans les lycées, les maternités, les braderies, les universités. «L'alcool est très toxique pour les cellules en développement», indique l'Union régionale de l'assurance maladie dans son dossier de presse sur les dommages de l'alcool au foetus. «La sensibilité est maximale sur les organes pendant les trois premiers mois de la grossesse, et l'alcool est nocif pour le cerveau du foetus pendant toute la durée de la grossesse». Conséquences, un retard de développement du cerveau. «Il est impossible de déterminer un seuil en dessous duquel la prise d'alcool de la femme enceinte n'a pas d'effet sur la santé du foetus». Quelque 650 enfants par an sont touchés, à des degrés divers, dans la région, mais 60% des Français pensent encore  qu'une consommation occasionnelle est sans effet sur le foetus, et 11% des femmes enceintes déclarent boire au moins un verre d'alcool dans la semaine précédent l'enquête.