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"Regarde-moi bien, t'es assis à côté d'une morte"


SOCIETE - Mireille Terrier, 77 ans, a découvert en allant chercher un extrait d'acte de naissance à la mairie de Lille, qu'elle était officiellement décédée depuis le 28 juin 2008. L'histoire, donnée par le site internet Zataz.com, est confirmée par le service d'état-civil : une demande de rectification est en cours. Elle raconte sa mésaventure.

"Je suis née le 6 février 1932 à Lille, et mon nom de jeune fille est Descamps, c'est très courant dans la région du Nord, et mes prénoms sont Mireille et Solange. Je ne croyais pas que je pouvais avoir un double. Mais voilà, je me pointe à l'état-civil avec mon livret de famille, j'avais besoin d'un extrait d'acte de naissance pour une affaire familiale. L'employé va à l'ordinateur, sort mon extrait, et regarde le papier avec un drôle d'air. Il me dit, redonnez-moi votre livret de famille et votre carte d'identité. Il avait vraiment l'air surpris. Il me dit, 'je ne peux pas vous délivrer le papier dans sa forme actuelle aujourd'hui'. J'en avais un besoin urgent, et mon mari l'avait eu tout de suite à la mairie de Tourcoing, alors j'insiste. Il me montre alors mon extrait, et je vois dans la marge, décédée le 28 juin 2008, à Metz-Tessy, en Haute-Savoie."

"L'employé me déclare, 'il faut qu'on aille voir mon chef de service'. Celle-ci me dit, 'Madame, je m'excuse, mais il y a eu une erreur quelque part, c'est sans doute un stagiaires qui s'est trompé de ligne et de Descamps'. Les stagiaires, ils ont bon dos, hein. Elle continue : 'Votre acte de naissance n'est pas conforme parce que vous êtes là. Il va falloir faire une rectification d'état-civil, et nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes, il faut en passer par le Procureur de la République. Quand la notification nous parviendra, on vous en enverra une copie'. Je lui réponds : 'bon, je suis d'accord, mais je voudrais tout de même avoir mon papier'. J'avais plutôt envie de rigoler. Ils m'ont fait l'extrait d'acte de naissance d'après mon livret de famille, et j'en ai demandé deux exemplaires, du coup." 

"Mon mari, dans la voiture, commençait à s'impatienter. Je lui ai dit, 'écoute, regarde moi bien, t'es assis à côté d'une morte'. On a commencé à rire. Mais chemin faisant jusqu'à la maison, nous habitons à Annoeulin (une petite ville dans la banlieue de Lille, ndlr), nous n'avions plus envie de rire, nous avons commencé à réfléchir. Cela voulait dire qu'une autre personne était morte à ma place, et qui n'avait pas été déclarée. Moi, je n'ai pas eu de problèmes : je continue à toucher ma pension, je paie mes impôts, j'ai même voté le 7 juin dernier pour les Européennes. Pourtant, on n'est pas en Corse, [voix malicieuse] il n'y a qu'en Corse qu'on fait voter les morts ! "

"Mais si mon mari venait à mourir, je ne pourrais pas hériter, je suis morte. Quand j'ai dit ça à mes enfants, ils étaient bien contents, ils m'ont dit on va hériter à ta place [elle rit franchement]. Tout de même j'ai voulu demander conseil à quelqu'un. Je suis allée à la gendarmerie d'Annoeulin. Le lieutenant n'avait jamais entendu une histoire pareille. Ils m'ont conseillé d'écrire également un courrier au procureur, en recommandé, avec accusé de réception. J'ai précisé, si vous avez besoin de témoins que je ne suis pas morte, je peux vous en trouver. Le lieutenant m'a répondu, vous ne croyez pas si bien dire, le procureur va diligenter une enquête, et cela va nous revenir. Alors, pour l'instant, je cherche des témoins. J'en ai trop, alors je les choisis avec soin, pour qu'ils présentent bien."

Recueilli par Stéphanie Maurice