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Hénin-Beaumont : soirée triste


L'ambiance à la salle des fêtes de la mairie d'Hénin-Beaumont le soir du premier tour, du dépouillement aux résultats des municipales.

20h30, ambiance un peu triste, mais calme. Les visages sont tendus. Tous les bureaux ont été dépouillés, sauf un. Le FN est en tête partout, entre 35 et 46%. La salle des fêtes est pleine à craquer, étouffante de chaleur, mais les fans de la tête de liste frontiste Steeve Briois et de sa colistière Marine Le Pen ne sont pas là. Beaucoup de monde dans les rues, les gens se parlent, en petits groupes, devant la salle des fêtes où sont égrenés les résultats bureau par bureau. Aucun calcul global pour l'instant, alors les gens, avec des petits papiers, notent et s'essaient à additionner les voix et les pourcentages. Ils ont l'air sous le choc, les scores du FN sont supérieurs à ceux que prédisait le sondage de la Voix du Nord. A chaque fois qu'un résultat est bon pour le FN, maigres applaudissements, et surtout, soupirs de la salle. Les militants du FN sont discrets, des sourires qui s'affichent et c'est tout. On ne verra pas Steeve Briois ni Marine Le Pen de la soirée.

L'ancien socialiste Daniel Duquenne est pour l'instant en deuxième position dans presque tous les bureaux, suivi du jeune socialiste de la liste d'union de la gauche au Modem, Pierre Ferrari, suivi de la candidate des Verts Régine Calzia. A Hénin-Beaumont, l'ancien maire, l'ex-socialiste Gérard Dalongeville est en prison, mis en examen pour détournements de fonds, et décrié pour sa gestion calamiteuse depuis 2001. Fait rare, il a été le 27 mai conseil des ministres.

20h35. Briois (FN) 39%, Duquenne (DVG) 20%, Ferrari (PS) 17%. Les sont été proclamés au micro, Pierre Ferrari, le candidat malheureux socialiste, blême, est tout de suite entouré de caméras. Des gens se mettent à huer le FN, brève tension. Une femme leur lance : «racistes!». Le fonctionnaire municipal conclut au micro par un «Bonne soirée à tous, bon retour à la maison et à dimanche prochain» hors sujet. Dans la foule, Bruno, qui ne dit pas pour qui il a voté trouve les résultats «effarants. On paie le marasme des idées politiques. Plus personne ne se reconnaît dans les listes. On ne voit que des appareils politiques qui s'affrontent, le FN qui dit «Tous pourris», et les autres qui disent qu'il faut battre le FN. Alors qu'il faudrait s'intéresser aux gens. La politique ici, c'est du réseau, du copinage, il n'y a plus les valeurs d'avant».Un militant vert glisse : «Le taux de participation est important, ça veut dire quelque chose (à 60,15%, NDLR)»

20h45. Régine Calzia, candidate des Verts, se dit «très contente d'avoir mené une très bonne campagne, avec projet ambitieux et nouveau qui permet de confirmer l'importance des écologistes sur Hénin-Beaumont avec 300 voix de plus qu'aux Européennes après seulement 15 jours de campagne». Elle appelle «au rassemblement des forces progressistes et démocratiques» et se dit «disponible» pour travailler avec Daniel Duquenne, l'ancien socialiste arrivé deuxième. Sur le score du FN, elle répond que «le PS a failli. Il a échoué et son comportement têtu, obstiné, et aberrant a conduit au score du FN». elle assure : «Le FN ne gagnera pas».

21h. Un groupe de militants Verts, rassemblés autour de leur candidate, s'époumonent sur le parking de la mairie : «Non au FN !». Les gens se déplacent pour regarder ce qui se passe. Plusieurs électeurs se félicitent de voir Daniel Duquenne en deuxième position. «C'est plus clair politiquement». En effet, la liste Ferrari, soutenue par le PS rassemblait déjà large, jusqu'au Modem. La liste de rassemblement autour de Duquenne pourrait être plus clairement à gauche : on suppute sur les trottoirs.

21h15. Séverine Duval, la candidate du NPA, dit qu'elle appelle à faire barrage au Front national, sans appeler à voter pour Daniel Duquenne. «Pas surprise » du score du FN. «On l'avait senti dans les discussions avec les gens. Ils sont écoeurés par la gestion de la ville par la gauche plurielle. Le FN a fait son meilleur score, 46% dans une cité minière. C'est un vote d'opposition qui s'exprime. On représentera un jour ce vote d'opposition, quand voit la gestion de Vitrolles et d'autres villes du FN qui se termine par des millions d'euros de dette.» Elle appelle à manifester samedi à 15h devant la mairie, contre le FN et avec le comité de vigilance anti-fasciste.

21h30. Des petits groupes regardent une dernière fois les résultats affichés sur la porte vitrée de l'hôtel de ville, puis s'en vont. La police nationale patrouille, mais les rues sont calmes. Sur un pas de porte, un monsieur interpelle des voisins : «Alors, les élections ?» Réponse : «Oh, on ne sait pas». Ils haussent les épaules.


S.M. (A Hénin-Beaumont) et H.S.