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Dans le Nord, la fille Le Pen s'est fait un prénom


EXTREME-DROITE - Marine Le Pen, tête de liste FN, est dans le Nord-Ouest sur ses terres d’élection.


Le Pen, la benjamine des trois filles du chef, possédait déjà le patronyme et la marque de fabrique. Elle a su imposer son prénom dans la région Nord-Pas-de-Calais. Avec ces deux atouts, Marine Le Pen tente de regonfler un parti d’extrême droite laissé à terre après la présidentielle et les législatives.

Carillonneur. La vice-présidente du Front national entend bien faire de cette région qui lui est acquise le laboratoire du FN de demain, quand elle en aura enfin pris les rênes. «C’est vrai ! Ici, la greffe a pris. Je ne sais pas trop comment, mais cela s’est passé naturellement», croit-elle savoir. La grande blonde, la fille sympa, estime s’être imposée en pays ch’ti. Et, sur le marché de Bergues, dans les Flandres, là où a été tourné Bienvenue chez les Ch’tis, au son du carillonneur, les badauds l’interpellent par son prénom. Même les trois militants du NPA, préposés à la distribution des tracts, ne bronchent pas. «Tiens, mais c’est Marine ! Alors on est venu faire un ch’ti tour chez nous», plaisante un passant. La candidate aux élections européennes dans la région Nord-Ouest, qui englobe également les deux Normandies, distribue, tout sourire, ses brochures en tentant de mobiliser les derniers hésitants :«Votez contre l’arnaque européenne. Vous avez encore quelques jours pour faire votre choix.»

Elle veut prouver que le FN, dont elle héritera sans doute à l’occasion du prochain congrès, à l’automne 2010, est toujours dans la course. Et grâce à elle. «Il nous faut reprendre la main dans une situation très difficile, et montrer que nous sommes capables de retrouver une partie de nos électeurs», explique-t-elle. Pour Marine Le Pen, ce scrutin sera l’occasion de faire la démonstration de sa «légitimité militante, interne et électorale» pour mieux s’imposer lors du congrès. La légitimité militante, elle s’affichait à Wingles (Pas-de-Calais), en plein bassin minier, lors d’une fête champêtre, brochettes et merguez, même pas troublée par une quinzaine de militants antifascistes face aux 600 convives réunis. Photos souvenirs et bises sur les joues de tous les gamins passant à proximité.

Le scrutin européen pas encore joué, Marine Le Pen prépare déjà la confirmation de sa légitimité électorale et la municipale partielle des 28 juin et 5 juillet à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) après la mise en examen et la révocation du premier magistrat socialiste de la ville, Gérard Dalongeville. Contrairement à son père, qui a toujours méprisé les élections locales, elle pense qu’«elles constituent le dernier rempart quand les vents sont contraires. Sans implantation locale, sans les municipales, il n’y a pas de digues en cas de revers électoraux».

Triangulaire. A Hénin-Beaumont, aux élections de mars 2008, la liste du Front national, où elle figurait en deuxième position, avait récolté près de 29 % des suffrages dans une triangulaire au second tour. Devant son public ch’ti, elle dénonce «la mafia locale en cols blancs», les socialistes qui n’ont rien fait contre les délocalisations, «les fous de Bruxelles, hybrides entre les fous de Bassan et les choux de Bruxelles, qui ont construit un monstre froid, une machine à fabriquer des chômeurs». Avec les mêmes accents que son père.

Christophe Forcari