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Michèle, un cancer mais une obligation de quitter le territoire


FRONTIERE - Actualisé le 27/05 - Elle s'appelle Michèle Ndzoyim, elle a 22 ans et un cancer rarissime en voie de guérison. Malgré les soins qu'elle continue de recevoir au CHR de Lille, elle a reçu une obligation à quitter le territoire français en janvier. L'IRM qu'elle doit subir tous les trois mois ? La préfecture estime que l'examen peut être effectué dans son pays, le Cameroun. Problème : la seule machine à IRM du pays est au CHR de Yaoundé, la capitale, et elle est en panne.

C'est ce qu'affirme une attestation médicale versée au dossier par l'avocat de Michèle, Me Quentin Lebas, et "elle n'a pas été remise en cause par la préfecture", précise-t-il. Aujourd'hui, le tribunal administratif de Lille a examiné son cas, et l'audience a été plutôt satisfaisante. Le rapporteur public a demandé que l'administration renouvelle le titre de séjour de Michèle pour un an.

Michèle est depuis deux ans en France, elle est arrivée en 2007, avec un titre de séjour de six mois, pour personnes malades. Elle avait une tumeur cancéreuse des sinus : elle est descendue de l'avion pour aller directement au bloc opératoire. Opérée le jour même de son arrivée. En septembre 2008, elle s'est inscrite au lycée Baggio de Lille, en terminale S, tout en suivant une radiothérapie intensive. Elle a raté de peu son bac, mais a décroché de bonnes notes à son bac de français, qu'elle avait passé en même temps. Michèle s'était réinscrite en septembre, bien décidée à décrocher le viatique. Elle veut devenir médecin.

"Alors, quand elle a reçu son obligation à quitter le territoire, elle était effondrée", témoigne la documentaliste du lycée. "Toute l'équipe pédagogique s'est mobilisée, d'abord pour écrire les témoignages nécessaires pour le recours". Ils étaient tous là ce matin, profs et élèves, à ses côtés. Plutôt contents d'avoir vu démonter les arguments préfectoraux par le rapporteur public : "La préfecture estimait que Michèle pouvait bénéficier de son suivi de soins dans son pays, d'une part, et d'autre part, que toutes ses attaches étaient dans son pays d'origine", explique Me Lebas. "Elle a été censurée sur les deux points : d'abord au plan médical, ensuite sur le plan des attaches familiales. Le rapporteur a estimé que Michèle était une étudiante bien intégrée, avec de bons résultats scolaires, qui allait passer des examens en fin d'année. La renvoyer dans son pays représente donc pour lui une rupture brutale de sa scolarité, et c'était donc une atteinte disproportionnée à sa vie privée."

Le tribunal tranchera dans trois semaines. La préfecture pourra faire appel, si elle le souhaite.

S.M.

PRECISIONS - Suite aux différents commentaires postés ici, deux précisions : Michèle Ndzoyim est arrivée en France avec un visa sanitaire, ce qui veut dire que son opération a été entièrement prise en charge par sa famille, pour un montant global de 12 000 euros. Ensuite, elle a obtenu deux autorisations provisoires de séjour, chacune de six mois, pour pouvoir continuer son traitement. Ce qui veut dire qu'elle n'a jamais séjournée illégalement en France. Voyant sa dernière autorisation approcher de son terme, elle a lancé une nouvelle demande, et c'est là où est intervenu le refus de la préfecture d'accorder un titre de séjour.