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Hénin-Beaumont : le maire expulse Lienemann, la gauche explose, Marine Le Pen exulte


POLITIQUE - Spectacle à l'hôtel de ville. Le public déborde jusque dans les couloirs. A Hénin-Beaumont, le maire socialiste, Gérard Dalongeville retire les délégations des adjoints qui lui tiennent tête. La majorité se déchire autour d'un maire qui cumule : un adjoint entendu dans une affaire de prise illégale d'intérêts, des impôts multipliés par deux en quatre ans,  un rapport de la cour des comptes pour mauvaise gestion, un risque de suspension par le Préfet. Le public siffle, hurle, dit sa haine du maire. Lequel reste imperturbable. Les élus Front national, Marine Le Pen en tête, se tiennent les côtes et

Carottes. La première adjointe, veste de tailleur rose, se fait virer la première. Motif : le 30 mars, Marie-Noëlle Lienemann (PS), a refusé de participer au vote d'un budget, que la Chambre régionale des comptes qualifie d'"insincère", et qui révèle un déficit de 12,9 millions d'euros. Ce soir, la députée européenne est lâchée avec les voix de conseillers municipaux socialistes, solidaires de leur maire, malgré les consignes de leur parti.

On vote à bulletin secret. Marine Le Pen, dans l'opposition, boit du petit lait, rappelle à la socialiste qu'elle avait promis de veiller à ce que les impôts n'augmentent pas, et se gausse sur son opposition au maire un peu tardive : "Vous savez que les carottes cuites vont bientôt sentir les oranges".

Jaurès. La première adjointe socialiste se justifie, cite Jaurès : "Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire". Les supporters du FN sifflent et huent. Elle dit s'être basée, pour soutenir jusque là le maire, sur un rapport de la Cour des comptes de 2006 qui indiquait à l'époque un budget "restauré", avant d'être tombée de haut avec . "Mon seul souci a toujours été de veiller à ce qu'on prenne des décisions pour redresser la situation, mais j'ai constaté que les prescriptions de la Chambre régionale des comptes n'étaient pas appliquées par le maire et certains adjoints".

Rumeurs. Marine Le Pen  lance des "Ben voyons!" et des "Nous, on le savait!". Marie-Noëlle Lienemann : "Je m'en tiens aux faits. Tant que ce n'était que des rumeurs, je ne voulais pas en rajouter". Dans le public : "Hou! Vendus!" Le maire, toujours de marbre, comme si tout était très normal : "Très bien, mes chers collègues, alors, avant de passer au vote..." Il a quelque chose à dire. Il a son idée sur le refus de Lienemann de voter son budget la semaine dernière. "Je constate que depuis le 30 janvier, vous avez perdu la présidence de l'Union des HLM, vous n'êtes plus vice présidente de la Région, et vous n'êtes plus candidate aux élections européennes".  Puis, reproche : "Je vous ai cherchée sur le terrain aux côtés des Héninois". Sur 35 votants, 22 votent pour virer la députée européenne du poste d'adjointe. Elle rétorque que les règles de convocation du conseil n'ont pas été respectées, qu'elle déposera un recours.

C'est le tour de David Noël, adjoint communiste à la culture. Viré aussi. Pendant le vote, Marine Le Pen chahute, pouffe, fredonne la Marche funèbre. Le maire annonce le nombre de voix : 22. Marine Le Pen : "40, ça serait pas mal. Vous voulez pas que ce soit 40, comme Ali Baba?"

Sifflets. Qui pour les remplacer? Le maire propose Danièle Filipowicz, une conseillère municipale. Tollé dans les rangs du FN et dans le public. Marine Le Pen : "Monsieur Dalongeville, est-il vrai que vous avez signé une promesse d'embauche à un membre de la famille de Mme Filipowicz?" Le maire : "Je vais vous répondre très librement, il s'agit d'une association loi 1901". Subventionnée par la ville. Dans le public, cris, sifflets. "Dalongeville, démission!" "Mellick!" "Boucheron!" "Tapie!" Marine Le Pen entre  dans l'isoloir pour voter, et montre aux caméras un petit papier : "Madame Rapetou. Je vote pour Madame Rapetou". Et re-22 voix. Le public : "Un discours! Un discours!" Marine Le Pen parle de "corruption" et annonce qu'elle portera plainte. Steeve Briois, son colistier, entonne "Dalongeville, à Béthune!" Dans le public : "Voleur! Truand! Le peuple aura ta peau!" Le second adjoint désigné s'appelle Jean-Pierre Chruszez. Dix-neuf voix. Marine Le Pen : "Ah, c'est moins bien que Madame Corruption".

Haydée Sabéran

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