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Florence Cassez : «ma vie entre les mains de Sarkozy»


PRISON - Il est 8h30 du matin à Mexico, 15h30 à Lille, aujourd'hui. Dix minutes au téléphone avec Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison au Mexique -20, dans la réalité-, enfermée depuis trois ans et qui clame son innocence. Dans le bureau de son avocat, Franck Berton, des dizaines de journalistes lillois. Lionel Gougelot, d'Europe 1, pose les questions au nom de tous. Silence autour du haut-parleur. Florence Cassez appelle avec une carte téléphonique depuis sa prison. Elle dit «bonjour» d'une voix claire, puis elle raconte. Dans un coin du bureau, son père, les yeux dans le vague,

Comment elle se sent. «Exactement comme quand vous faites du sport, vous ne sentez pas les coups, vous êtes actif, vous tenez. Le lendemain, vous avez mal partout. Des bleus et des douleurs horribles. (Sa voix se met à trembler) Je suis anéantie. Hier je n'arrivais pas à réaliser, comme si ça ne m'arrivait pas à moi. J'ai dormi quelques heures, par petits bouts. (Des larmes dans la voix) Quand je me suis réveillée, la pemière réaction que j'ai eue, c'était "non, ce n'est pas arrivé, c'est un cauchemar".»

Le dossier. «Il n'a j'amais été étudié, c'est pas possible. Si on l'avait étudié, on m'aurait relâchée. Pour moi, c'est une décision politique.»

Le juge d'appel. «Je ne l'ai jamais vu, jamais. je voulais qu'il m'écoute, qu'il me reçoive, qu'il me voie. Que ce soit humain. On me l'a refusé.»

Ce qu'elle attend de Sarkozy, en visite à Mexico dimanche. (Sa voix se remet à trembler) «C'est mon dernier espoir. J'attends tout. Après, je sais pas. Je vois pas. Il faut qu'il m'aide. Ma vie, elle est entre ses mains. Ma vie et celle de mes parents, et de ceux qui croient en moi.»

Si Sarkozy demandait au président mexicain d'exercer son droit de grâce. «J'avais toujours dit que je me battrais jusqu'au bout, que je ne quitterais pas le Mexique avant d'avoir été innocentée. Aujourd'hui, je me fiche de tout ça. Je m'en fiche, je veux qu'on me sorte d'ici.»

L'éventualité d'un recours à la Cour suprême, encore deux ans d'attente. «Encore encore deux ans, je ne pourrai pas. Même six mois, je ne les tiendrai pas.»

Une éventuelle visite de Carla Bruni-Sarkozy. «Ce serait formidable. Je sais que c'est une femme sensible. Je sais que... Ce serait formidable.»

Recueilli par H.S.

Photo AFP

AUX COMMENTATEURS... - Florence Cassez est-elle innocente? Nous ne le savons pas, mais nous sommes sûrs que sa culpabilité reste largement à prouver. D'abord, ce qui est certain, c'est qu'on l'a mise en scène. Un jour après avoir été arrêtée, son arrestation rejouée sur les lieux du crime, en compagnie de trois kidnappés, pour la télévision. C'est une certitude. Le ministre de la Sécurité publique l'a reconnu en direct à la télévision sous la pression de Florence elle-même, qui l'a poussé dans ses retranchements au téléphone, depuis sa cellule (les détenus du Mexique ont le droit de téléphoner). Ensuite, il y a des énormes failles dans le dossier. Après cet épisode humiliant pour le ministre, les victimes qui avaient d'abord dit ne pas connaître Florence ont changé d'avis. Mais elles ont donné parfois des preuves qui se sont révélé fausses. Par ailleurs, selon les standards français, qui sont pourtant loin d'être parfaits, le procès ne ressemblait pas à un procès. Le journaliste de France Bleu Nord qui a assisté à quelques jours de procès le décrit comme des "rencontres informelles dans le couloir d'une prison", au cours desquelles la présidente du tribunal est rarement là.

Ceci dit, pour l'avoir entendue au téléphone depuis sa prison, je peux dire que Florence Cassez est une jeune femme courageuse.

Pour en savoir plus, on pourra lire demain dans Libération de la correspondante de Libération à Mexico, Emmanuelle Steels.

Haydée Sabéran

Lire ici :

(6/5/2008) et (8/5/2008) et aussi