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A Lille : A Saint-sauveur, ex-gare, un lieu bizarre


HANGARS - Il y a encore des rails avec des traverses et de la terre, c'est une ancienne gare de marchandises. Dans la cour intérieure, des damiers, des marelles. Sous le hangar de béton, des «chambres d'hôtel» meublées par des artistes, une expo sur Berlin. Une grande halle où courent des mômes, des tentes où ils sont invités à fêter leur anniversaire. Les anciens hangars de la Gare Saint Sauveur de Lille sont ouverts depuis ce matin, pour l'ouverture de Lille 3000, version Europe extra-large.

On l'avait vue trois jours plus tôt, encombrée de fils électriques dans les coins, peuplée d'ouvriers casqués, et on se demandait comment ils seraient prêts pour aujourd'hui. La voilà, la Gare Saint Sauveur, transformée en lieu bizarre. 

Banquets. Ca sera un «bar wi-fi» géré par les troquets du quartier, un cinéma de quartier numérique (vous apportez votre film, on le projette pour vos amis), un resto, un lieu d'échange de livres pour enfants, de prêts de jouets, de barbecues en famille (on vous prête le barbecue, vous amenez vos amis), de banquets (on vous prête la cuisine vous vous occupez du reste), et sous le hangar, il y aura une braderie tous les dimanches, jusqu'en juillet, assure Didier Fusillier, le patron de Lille 3000. On va voir. On sait depuis Lille 2004 qu'on n'est pas obligé de croire tout ce qu'il dit -il nous avait promis un brouillard artificiel dans lequel plongeraient les enfants, une ville qu'on verrait verte en sortant de la gare rose, une dînette mobile sur la Grand'Place-  Il s'enthousiasme toujours : «On essaie de privatiser l'espace public», mais reconnaît : «On ne sait pas ce que deviendra le lieu. Il faut que les habitants s'en emparent». A l'entrée, sur un mur de brique, certains l'ont déjà fait, quelqu'un a volé le G, le R et le E, il ne reste plus que «A Saint-Sauveur».

Graffiti. En tous cas le lieu est là, gratuit, ouvert, géant, avec son sol de béton, ses graffiti de l'époque cheminote, ses pancartes vestiges, «Agence commerciale», «Fret agriculture», ses chambres d'hôtel qu'on réserve «pour un quart d'heure ou pour une heure», dit Fusillier. Dans la chambre signée Meggie Schneider, on est dans Berlin-Est, avec des lampes en plastique rouge, des rideaux psychédéliques, et son style Good-bye Lenin, «une mise en scène de la "culture à domicile" -c'était le nom d'un magazine- telle que l'imaginait le pouvoir de l'époque, mais la réalité n'était pas comme ça», dit l'artiste. Dans la chambre d'à côté, le collectif Grupa Kedziora Map Musika Kostrewa, quatre artistes de la région, tous descendants de mineurs polonais, ont reconstitué leur «Pologne rêvée». Avec les bocaux de cornichons, les caramels de là-bas, le visage du Christ au point de croix, un «vodka bed», et un haut parleur qui devrait diffuser une langue imaginaire, «du polonais en yaourt», entrecoupé de morceaux de «Chopin remixé».  A côté, la chambre de l'inspecteur Derrick, signé Art Point M. Du papier peint en mur de Berlin, avec des photos géantes de «l'inspecteur soporifique».

H.S.

En plus, à Saint-Sauveur, jusqu'au 12 avril, Berlin change plus vite que mon coeur, regards de vidéastes berlinois sur leur ville. Fisimatenten, de Martin Liebscher, un artiste allemand qui se prend en photo à l'infini, pour mettre en scène une foule à la plage, un orchestre classique, un bar-rock, un camping. Il est en vrai, dans l'expo, dans sa petite caravane. Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h.

Ce soir, dès 17h, parade d'ouverture, entre la gare Lille-Flandres et le quai du Wault, avec les Catalans énervés de la Fura dels baus, des chorales et des harmonies dans toute la ville, puis fête dans les rues avec DJ's et bals. Comme pour la braderie, on porte des chaussures confortables, vêtement de pluie au cas où, pas de parapluie, ni de poussettes.

Lille 3000 Europe XXL, programmation culturelle consacrée à l'Europe, -Turquie comprise-, dure jusqu'au 12 juillet. Le programme complet, et la parade d'ouverture