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«La banque croûte, l'université jeûne»


PROTESTATION - C'est une manif' paisible, peu de slogans hurlés, un mégaphone qui ne sert pas beaucoup, mais ils sont là, et nombreux :  les enseignants-chercheurs défilaient dans les rues de Lille, cet après-midi. 700, dit la police ; 1500 selon les manifestants, guillerets de se voir autant. Et contrairement à ce qu'on attendait, peu de pancartes sur la réforme de leur statut, beaucoup sur les suppressions de poste et

Elle porte une pancarte "chercheuse de sources de financement", et son amie l'arme d'une fausse baguette de sourcier, bricolée avec deux bouts de bois, et recommande : "Quand tu passes devant une banque, surtout, tu l'agites !" Les deux se marrent, visiblement, ce ne sont pas des pros des défilés. Devant, on essaye de trouver des idées de slogan, "je ne sais pas, moi, université en détresse !" Un groupe d'étudiants, plus rompu à l'exercice, donne de la voix et de l'ambiance.

Mais surtout, on discute, en petits groupes, de l'avenir de la recherche et de l'enseignement universitaire. "La réforme de notre statut, c'est le détonateur, elle a cristallisé notre malaise", explique Claire Bornais (Snesup), enseignante à Lille 1. "Nous avons vu augmenter la précarité : plein de jeunes chercheurs alignent des contrats par bout de deux ou trois mois. Maintenant, on nous retire des postes, tout en affichant des ambitions pour la recherche. Mais la recherche est consommatrice de main d'oeuvre. Dans les labos, si on veut acheter du matériel, on trouve des sous. Si on veut un poste supplémentaire, pour quelqu'un qui utilisera les machines achetées, là, on n'en trouve pas."

Aziz, enseignant-chercheur à Lille 1, dénonce lui aussi les suppressions de postes. "Le gouvernement a changé la méthode de calcul sans aucune concertation. Du coup, presque toutes les universités se retrouvent sur-dotées", dénonce-t-il. Lille 1, par exemple, était considéré en sous-effectif l'année dernière ; aujourd'hui, elle est considérée avoir 60 postes en trop. Une pancarte passe : "Soldes ! Réduction immédiate de postes". Et au mégaphone, l'inspiration est arrivée : "La logique financière court-termiste a déjà tué nos entreprises, et on veut appliquer la même recette à nos universités !"

Stéphanie Maurice

Photo Reuters/Pascal Rossignol

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