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Samsonite s'était fait la malle, maintenant il banque


LICENCIEMENTS - "Notre combat a été utile, quand même. C'est dur d'attaquer une grosse société comme Samsonite, elle essaye toujours de prouver que les ouvriers ont tort. Mais la justice a reconnu qu'on ne se trompait pas." Brigitte Petit n'y a pas cru au début, quand leur avocat, Me Rilov, a annoncé à l'ensemble des ex-salariés de Samsonite à Hénin-Beaumont que leur ancien employeur ne faisait pas appel du jugement des Prud'hommes. Et que donc, enfin, des indemnités de licenciement décentes allaient leur être versées.

L'histoire est rocambolesque : ce n'est pas Samsonite qui a licencié les 203 employés, mais Energy Plast. Le bagagiste américain avait revendu un an et demi avant le dépôt de bilan son usine d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), qui connaissait des difficultés, à une société, Energy Plast. Celle-là a fait miroiter une production mirifique de panneaux solaires, censée sauver les emplois : rien n'est sorti des chaînes de production. Quand la société a déposé le bilan en février 2007, les 203 salariés se sont retrouvés gros Jean comme devant : ils n'ont pu avoir que des indemnités de licenciement minimales, payées par les assureurs, leurs patrons n'ayant plus un sou en caisse. Pour les ex-Samsonite, la cause est entendue : Samsonite savait devoir procéder à un plan social ; il a préféré passer la patate chaude à un tiers.
Ils décident de ne pas se laisser faire, fondent une association et attaquent leur ancien patron. D'abord au pénal, pour demander l'annulation de la vente de leur usine à Energy Plast. Le tribunal correctionnel de Béthune leur donne raison. Première victoire, mais Samsonite a fait appel, le jugement de la cour d'appel de Douai devrait se tenir cette année.
Ensuite aux Prud'hommes. A Lens, les juges condamnent Samsonite à verser les indemnités de licenciement qu'il aurait dû payer à ses employés. Entre 12 000 et 60 000 euros par personne, selon l'ancienneté et le grade. Deuxième victoire. "L'avocat de Samsonite avait annoncé en sortant du tribunal qu'il allait faire appel. Alors on a été très étonné". Brigitte Petit n'en revient toujours pas, elle qui s'apprêtait à une longue bagarre juridique. Samsonite a accepté le jugement. Me Touraille, son avocat, présente ce geste comme une volonté "d'apaisement"
Brigitte va toucher 45 000 euros, pour 23 ans d'ancienneté. Elle ne se souvient même plus combien elle a reçu à la fermeture de l'usine : "peut-être 10 000 ou 15 000 euros, mais il y avait dedant les deux mois de préavis et les congés payés." Pas lourd, en tout cas.
Brigitte est devenue assistante maternelle. Mais "très très peu" de ses collègues ont retrouvé du travail :" ce matin, j'ai l'une d'elles qui m'a appelé. Elle faisait de l'intérim, mais les boîtes d'automobiles ne fonctionnent pas beaucoup en ce moment, alors, elle est pour l'instant sans travail. Si on veut travailler dans les usines, il n'y a plus grand chose. L'argent qu'on va toucher, c'est bien, mais on aurait préféré garder son travail."

Stéphanie Maurice

Photo Reuters : Installation de valises au musée Whitney de New-York

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