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Les urgences saturent dans le Nord-Pas-de-Calais


SANTÉ - L'afflux de malades est massif dans toute la région. A Hazebrouck, les urgences ont dû fermer le temps de traiter les malades déjà accueillis, selon l'Amuf ; le centre hospitalier de Béthune va ouvrir lundi des lits supplémentaires chez son voisin lensois, 25 kilomètres plus loin, pour les hospitalisations de très courte durée. Le Dr Franck Legrand, délégué régional de l'Amuf, le syndicat des médecins urgentistes, témoigne : «c'est très, très tendu pour les personnels. Ils sont souvent rappelés sur leur temps de repos, et sont dans des situations de souffrance.»

Transferts. Pour l'instant, dans le Nord, seuls les hôpitaux de Maubeuge et d'Hazebrouck ont bénéficié d'un plan blanc, appelé aussi «Hôpital sous tension» : ces mesures exceptionnelles organisent le transfert des malades vers d'autres hôpitaux, le rappel des personnels en congé et l'ouverture de lits supplémentaires, par exemple en déprogrammant des interventions chirurgicales peu urgentes.

«Le directeur n'a pas déclenché le plan blanc», explique-t-on par exemple au centre hospitalier de Montreuil-sur-Mer, l'un des établissements en surchauffe désignés par l'Amuf. «Nous gérons la situation au jour le jour. Et jusqu'à ce jour, cela se passe bien.» Montreuil-sur-Mer a ouvert temporairement l'hôpital de jour en hospitalisation complète, quinze lits de plus, a renforcé l'équipe médicale en limitant les repos. Franck Legrand ironise : «Ce sont des équivalents des plans blancs, mais qu'on n'appelle pas ainsi. Il y a une volonté politique d'étouffer la crise, car sinon, cela voudrait dire que le cri d'alerte des urgentistes correspondait à la réalité.»

Depuis le 1er décembre, les urgentistes sont en grève perlée, un mouvement suivi à 60% dans la région selon l'Amuf, qui a lancé le mot d'ordre. Ils dénoncent le manque de personnel. Le Dr Legrand soupire : «Nous n'avons jamais eu un ministère qui nous écoute aussi peu. Nous sommes les professionnels de la crise, l'hôpital est en crise, et on ne nous écoute pas !»

«Border-line». Le Plan blanc ? Pour Marie-José Cabanel, directrice du CH de Béthune, pas la peine. Elle a préféré négocier un arrangement avec le centre hospitalier de Lens. «C'est un local qui était fermé, on va y installer une quinzaine de lits.» Il ouvrira lundi pour un mois et demi. «Les médecins urgentistes assureront le service de jour, ceux de Lens la nuit», explique Franck Legrand. «Quand on sait que les urgences de Lens connaissent une activité soutenue toute l'année, on se rend compte qu'on est dans une situation border-line.» Marie-José Cabanel dédramatise, assure que la situation est meilleure avec cette solution, qu'elle reconnaît provisoire. «Nous avons douze box aux urgences, et quand nous démarrons tous les matins, nous sommes à 30 patients. Notre problème n'est pas un manque de moyens, mais un manque de mètres carrés. L'extension du service de réanimation est programmé, dans trois ans, nous serons mieux.» Pour l'instant, on pallie le plus pressé.

Stéphanie Maurice