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Les petits Poucet gagnent contre l'ogre du papier


ÉCO-TERRE - Pas de motif économique valable pour licencier 400 salariés. C'est leur avocat qui l'annonce ce matin : 65 des 400 de Stora Enso à Corbehem, près de Douai, en novembre 2006, ont gagné aux prud'hommes d'Arras contre leur ancien employeur, numéro un mondial du papier. Une bataille gagnée. Mais une bataille seulement. Stora Enso qui n'a pas souhaité s'exprimer,

«Je suis très content pour les 65 qui ont gagné lance Antonio Canta, président de l'association Les géants de papier solidaires (LGPS), et aujourd'hui reclassé comme chargé de mission au Conseil régional. Mais mon but ce n'est pas de toucher de l'argent, c'est de faire repartir les machines 3 et 4 qui sont en train de rouiller». Allusion au projet alternatif de fabrication de sacs à papier en chanvre qu'il avait proposé avec un groupe de salariés, et qui avait capoté au dernier moment, à cause de la mauvaise volonté du groupe Stora.

L'histoire? En 2005, à l'annonce d'un projet de licencier 400 salariés sur 731, LGPS, l'association des ouvriers  de l'usine de Corbehem, était née avec une idée : racheter les machines pour un prix modique à l'employeur licencieur, et reclasser une partie des salariés licenciés. La direction du groupe avait d'abord vu ce projet d'un bon oeil, elle avait même signé un accord en présence du sous-préfet de l'époque, avant de se rétracter. Résultat : les 200 salariés qui espéraient être reclassés étaient restés à la rue. Et les machines n'ont toujours pas bougé dans l'usine. «Sarkozy est à Douai jeudi pour parler de relance économique. C'est du pipeau, soupire Antonio Canta. J'aurais préféré qu'il passe à Corbehem voir les machines, et un projet de création d'emplois verts

En attendant de récupérer les machines, la bataille des prud'hommes est gagnée. Pourquoi? Selon Me Fiodor Rilov, l'avocat des salariés licenciés, «le magistrat a analysé la situation économique du groupe de façon fine. Il est arrivé à la conclusion suivante : les licenciements avaient pour but d'augmenter la rentabilité du groupe au détriment de l'emploi» . Et l'affaire des machines? «Ça n'apparaît pas dans le jugement, mais il est évident que le magistrat en a tenu compte, en toile de fond».

On ne connaît pas encore le montant des indemnités, mais elles pourrait se situer dans une fourchette entre 20.000 et 180.000 euros selon l'anciennenté. Le groupe Stora Enso n'a pas souhaité «faire de commentaire à se sujet». L'avocat des salariés s'attend à ce que le groupe fasse appel.

H.S.

Lire aussi : (Archives juillet 2008) et (archives septembre 2006)