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Hénin-Beaumont : la gauche se frite, le FN en profite


POLITIQUE- La difficile union de la gauche réalisée lors des municipales pour contrer Marine Le Pen a fait long feu. Le maire, Gérard Dalongeville (exclu du PS en 2001, réintégré dans les rangs du parti au moment des municipales) vient d'enlever sa délégation à Pierre Ferrari, son adjoint MJS (Mouvement des jeunesses socialistes), pour cause de trop grande liberté de parole. C'est en tout cas ce qu'affirme l'intéressé, Gérard Dalongeville n'ayant pour l'instant pas répondu à nos sollicitations. Pierre Ferrari a eu la surprise d'apprendre la nouvelle ... sur le blog du Front national.

L'affaire commence le 3 septembre dernier : interrogé sur France 3, Pierre Ferrari estime que «le temps est venu pour la mairie d'Hénin-Beaumont de se serrer la ceinture en matière de train de vie, en changeant la manière de concevoir les dépenses.» En effet, la cour régionale des comptes vient de rendre son avis : elle estime que le plan d'économie présenté par la municipalité ne suffit pas, et demande une augmentation de 10% des impôts locaux. Pour Pierre Ferrari, il y a moyen de faire mieux, en particulier sur les budgets de la communication, du cabinet du maire, des relations publiques et internationales. «Pendant la campagne, nous avons fait la promesse de ne pas augmenter les impôts.», explique-t-il. Il n'est pas le seul à prendre ainsi la parole au sein de l'exécutif héninois : David Noël, communiste et adjoint à la culture, a la même position. Il pointe du doigt certaines dépenses excessives, comme, dit-il, «l'achat de 70 bacs à fleurs à 3 200 euros pièce». Et insiste : «Un accord d'union a été signé, je ferai entendre la voix des communistes, et des 10% de la population qui a voté pour nous».

 
Le 19 septembre, Steeve Briois, l'élu Front national, annonce le premier le retrait de délégation de Pierre Ferrari sur son blog. Le 20, il publie même le fac-similé de la lettre officielle, que l'intéressé ne recevra que le 22 septembre. «J'ai été fort mécontent», reconnaît Pierre Ferrari. «Dans ces cas-là, on le dit les yeux dans les yeux.» Il affirme que le maire ne l'a toujours pas reçu. Et il balaie l'argument de «manque de solidarité avec l'équipe municipale», dont des tiers lui ont fait part. «Je n'ai pas été élu pour décorer», martèle-t-il. Pierre Ferrari est donc un adjoint sans délégation, qui, de fait, ne fait plus partie de la majorité municipale de gauche... mais qui a le soutien de la fédération socialiste du Pas-de-Calais. Serge Janquin, le premier secrétaire fédéral, dénonce dans un communiqué les «forces de la division». Cependant, Pierre Ferrari, comme David Noël ne regrettent rien. Ce dernier résume : «On est parti aux élections sur une liste d'union, en sachant que l'union était difficile, nous le savions, mais l'enjeu en valait la peine, pour battre Marine Le Pen.»

S.M.