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Une chercheuse en colère contre «Les Ch’tis»


POLITIQUE - Historienne et militante PS, Elise Ovart-Baratte dénonce dans un livre les «clichés» du film, et dit son désaccord avec ses camarades socialistes de la Région,

Le patois ch’ti ? Elle le parle : elle est née près de Douai. Le film Bienvenue chez les Ch’tis ? Il l’a fait rire. Dany Boon ? Elle l’adore. Et pourtant, Elise Ovart-Baratte, 28 ans, socialiste, secrétaire de section du Vieux-Lille, chercheuse en histoire contemporaine et ancienne chargée de com de Martine Aubry, n’apprécie pas l’image que le film de l’humoriste donne de sa région. Et encore moins les 600 000 euros de subvention à fonds perdus votés en faveur du film par ses camarades socialistes - et le FN - au conseil régional en février. Argent dont le film n’avait pas besoin, alors que la culture modeste - artistes, troupes, salles - se bat pour vivre en ces temps très rudes.

Elise Ovart-Baratte assure, d’ailleurs, que sans cette subvention, elle aurait mis un mouchoir sur sa colère. Colère qu’elle a très vite exprimée sur Libélille.fr, et puis à présent dans un livre écrit avec Jean-Philippe Rigaud. Elle étrille en particulier le patron de la région, le PS Daniel Percheron. Elle lui reproche d’avoir longtemps négligé la question de l’image, pour enfin s’en occuper de la pire façon : en assurant la promotion d’un film «qui allait renforcer les poncifs anti-Nord».

Ce qu’elle reproche au film ? D’abord, le héros du film quitte le Nord : «S’il l’a tant aimé, pourquoi repart-il ?» Ensuite les postiers nordistes sont présentés comme des gens «pas intelligents», et puis «prompts à picoler», «quasi obèses», et qui parlent patois tout le temps. Et le deuxième degré, alors ? Justement, elle pense que seuls les Nordistes peuvent le percevoir (elle relève quelques références, le carnaval, le tas de moules, les géants, qui ne sont pas expliquées), et assure que le film aura des «effets boomerang» désastreux, dont l’affaire de la banderole du PSG est le premier.

La deuxième partie du livre raconte les problèmes d’image de la région, objet de la thèse de son doctorat. Là, on est dans la com pure. A la lire, il faudrait s’interdire de dire que les habitants du Nord-Pas-de-Calais sont parmi les plus pauvres, les plus chômeurs, et à la santé la plus mauvaise en France. Elle sait que c’est vrai, mais, dit-elle, «il ne faut pas le mettre en avant, si on veut attirer les investisseurs, et ainsi sortir les gens de ces situations révoltantes».

Haydée Sabéran

Les Ch’tis, c’était les clichés, éd. Calmann-Lévy, 11 €, parution le 26 août.

Lire aussi un d'Elise Ovart-Baratte, le de Jacques Bonnaffé sur LibéLille avec le commentaire de l'historienne, ainsi que les premières réactions, ce matin, sur