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Artiche pour les braqueurs d'Aniche


SOCIÉTÉ - Cet été, les attaques de convoyeurs et de dépôts de fonds reviennent à la mode, surtout du côté de Marseille et dans le Nord. Ainsi, hier, à 4 heures du matin, sept hommes cagoulés armés de fusils à pompe et de pistolets-mitrailleurs ont attaqué à l’explosif un centre de dépôt de fonds de la société DPS2 à Aniche, près de Douai.

Ils ont d’abord coupé les grilles d’accès puis ont fait sauter une porte métallique et un mur. Ils ont neutralisé le système électronique. Puis, ils sont entrés dans la caverne d’Ali Baba, la salle de comptage. Dès la première déflagration, les trois employés qui mettaient les billets en liasses se sont réfugiés dans un sas sécurisé. Le commando a raflé sur place les chariots de supermarché remplis de billets de banque, entre 1,6 et 2 millions d’euros. Ils ont également fait main basse sur neuf revolvers des agents de sécurité de DPS2.

Pas de blessés. Alertée, une patrouille du commissariat d’Aniche a déboulé mais a été «artillée à la Kalachnikov», selon un enquêteur, «par deux hommes qui faisaient le guet à l’extérieur, munis de brassards Police à côté de deux véhicules équipés de gyrophares». Poursuivis par les malfaiteurs, les gardiens de la paix ont battu en retraite. Les sept braqueurs ont filé à bord d’une Golf et d’une Alfa Roméo volées. Ils ont tiré en rafale sur une voiture du commissariat de Somain venue en renfort et sur une marchande de journaux. Par chance, ils n’ont blessé personne.

Les policiers de la PJ de Lille et de l’Office central de lutte contre le crime organisé ont affaire à «une équipe organisée, puissamment armée, qui ma nipule de l’explosif, des gens aguerris, pas des branquignoles», selon un enquêteur qui trouve «la société pas au top côté sécurité» et se demande si «les malfaiteurs n’ont pas été rencardés»par une taupe à l’intérieur.

Cemême «centre fort»(centre de dépôt de fonds dans le jargon policier), certes implanté dans une zone déserte, a en effet déjà été la cible d’un vol à main armée il y a un an, le 25 juillet 2007. La PJ venait tout juste d’arrêter - entre fin mai 2008 et début juillet - quatre bandits qui ont été mis en examen et écroués pour ces faits. «Rebelote aujourd’hui avec une autre équipe qui, comme par hasard, sait neutraliser le système électronique, on se pose des questions», lâche un enquêteur.

 

La police judiciaire remarque «une petite recrudescence des pillages de centres forts, 4 pour l’instant en 2008 contre 2 en 2007». Les braquages de convoyeurs de fonds «restent stables», 8 en 2008 pour 12 l’an passé. Selon un spécialiste de la répression du banditisme, «la grande époque des attaques de fourgons blindés, souvent meurtrières, a cessé après Noël 2000 avec le démantèlement de la Dream Team pour le braquage d’un fourgon de la Brink’s à Gentilly», près de Paris. Ces «professionnels du genre», l’équipe internationale dite «de rêve» composée de Français réfugiés sur la côte espagnole, d’anciens joueurs de rugby de Perpignan, de Marseillais, de l’artificier supposé Nino Ferrara et de ses potes de région parisienne, ont tous été coffrés.

«Tirelire» incendiée. D’autres équipes, «moins expérimentées», se sont essayées à quelques braquages mal menés comme à Metz en janvier 2007 où un convoyeur de Sécuritas a été tué pour un butin minable de 20 000 euros. Ces dangereux voleurs à la petite semaine avaient «mal placé et mal dosé la charge explosive». Dans les Bouches-du-Rhône, près de Cassis, le 3 juillet 2008, un commando qui a pris en étau avec deux 4x4 à la façon Dream Team un fourgon blindé de la société Loomis a mis une trop forte charge explosive contre la porte pour l’ouvrir, ce qui a mis le feu à la «tirelire». Ils ont réussi à attraper in extremis 900 000 euros avant l’incendie. «C’est tout un art de bien doser la pentrite et les malfaiteurs ont du mal à retrouver un artificier aussi bon qu’Antonio Ferrara, l’Italien du Val-de-Marne qui nous a donné du fil à retordre, pour créer une brèche sans endommager les sacs de biffetons.»

Les trois quarts des attaques de convoyeurs se passent donc désormais «hors du fourgon blindé, en phase piétonne» sur le trajet très court entre la banque et le véhicule. Les petits braqueurs visent plutôt les«dabistes» qui approvisionnent les distributeurs automatiques de banques (DAB) : 48 ont déjà été agressés et pillés en 2008, soit 23 % de plus que l’an passé.

Plus original, à Brignoles (Var), des inconnus armés ont pris en otages un convoyeur et sa compagne la nuit du 5 au 6 août, et ont contraint cet employé de la société Sazias à faire le lendemain sa tournée de ramassage de fonds puis à leur remettre 7 millions d’euros. Le centre-fort de Sazias basé à Gémenos (Bouches-du-Rhône) avait été attaqué à l’explosif le 7 septembre 2007 par un commando qui a emporté 15 millions d’euros. Selon un flic marseillais, «c’est la loi des séries».

Patricia Tourancheau