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«Ça ressemble à la Bosnie»


SOCIÉTÉ - Du kaki partout, uniformes, camions, bennes, cent hommes. Et un interminable va et vient d'engins et de bulldozers qui font vroooon dans le quartier de l'Exotique, à Hautmont, une semaine après la tornade. Avant, il n'y avait que les sociétés privées de déblaiement mandatées par la mairie dans le quartier dévasté, maintenant les camions kaki de l'armée sont là. C'était cet après-midi, surtout pour déblayer l'espace public. Demain, les militaires feront du porte-à-porte. Ils sont là pour quinze jours.

Autour, des habitants, certains encore un peu hagards, des bénévoles de la Croix-Rouge, des Scouts, Quartiers sans-frontières -une association d'Hautmont. Les militaires sont attendus à Boussières sur Sambre et Maubeuge, demain aussi. «Vers midi, il y a eu une rumeur qui disait qu'ils étaient venus abattre les maisons, et puis on nous a dit qu'ils étaient venus donner un coup de main pour déblayer. Pour nous, le plus gros du travail a été fait», dit un habitant. Alors, trop tard? «On nous a demandé de ne pas intervenir avant lundi, pour des problèmes liés aux assurances. Il fallait attendre que les experts soient passés pour déblayer, pour que les gens ne soient pas lésés».

Les hommes ne sont spécialistes du déblaiement, mais de l'ouverture d'itinéraire, la mise en sûreté des troupes, et l'entretien de camps de manoeuvres. «Mais vous savez, dit le Lieutenant-Colonel Hartmann, délégué militaire départemental adjoint, en montrant les maisons éventrées, ça ressemble à la Bosnie des années 90».

Demain, les militaires feront du porte-à-porte dans Hautmont, «pour recenser les besoins», indique le Lieutenant-Colonel Patrick Hartmann «et pour proposer quelqu'un à qui parler». Les militaires français «le font très bien», assure le gradé, «si ça peut participer à donner un peu de moral aux gens, autant qu'on participe».

Un peu plus loin, Fatma Attrouche, 54 ans, est assise sur des chaises pliantes devant sa maison éventrée, les yeux dans le vague. Au bord des larmes, son amie Raymonde tente de lui changer les idées. «Ça y est, ils t'ont trouvé une maison Fatma?» Ça ne lui redonne pas le sourire. Fatma était en vacances au Maroc depuis une journée quand son fils l'a appelée pour lui dire que la maison était dévastée. Il ne reste rien. Dans la maison, on patauge dans la laine de verre éventrée du plafond, un mur s'est abattu sur le lit du couple, des meubles sont broyés. Son mari Mehana est satisfait de l'arrivée des militaires. «Ils demandent gentiment pour déblayer le jardin».

Haydée Sabéran