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A Hautmont, les mobile-home, en attendant mieux


SOCIÉTÉ - Il rigole : «J’espère que ça sera pas une ruine, comme l’autre.» Des faux volets bleus, une fenêtre en demi-lune au-dessus de l’entrée et, dehors, une lampe-tempête qui s’allume déjà. A l’intérieur du mobile-home, un parfum de plastique neuf.

Comme dans une cabine de bateau, le lit prend toute la place dans les chambres. Il y a un frigo, une gazinière, un canapé, des rideaux à fleurs. Jean-Claude Nicaise, 62 ans, et son épouse, Marianne, sont rentrés vendredi dans les quarante mètres carrés de leur mobile home. Comme trois autres familles, à côté des maisons éventrées et des arbres décapités, dans le quartier de l’Exotique à Hautmont, le plus touché par la tornade du 3 août.

Garage. A quelques centaines de mètres de là, la maison de cet ancien chef d’une entreprise de peinture en bâtiment n’a «plus d’étage, plus de toiture». Il ne sait pas si les murs du rez-de-chaussée supporteront la reconstruction. Il ne se plaint de rien. «Mon fils habitait là. Sinistré. Ma fille habitait là. Plus de maison. Ils sont vivants, leurs enfants aussi. Alors le reste, je m’en fous. Qu’est-ce qui est plus important que ça ? Quand j’y pense, je suis requinqué.»

Trois personnes sont mortes au bout de sa rue. Le soir de la tornade, il prenait l’air à la porte de son garage. Cet insuffisant respiratoire aime bien se remplir les poumons avant de se coucher. «J’étais dans mon relax. J’ai tout vu. Des éclairs sans bruit, de plus en plus rapprochés. Le ciel rougeâtre, et j’ai vu mes arbres se coucher. J’avais un sapin qu’on n’a jamais retrouvé. J’ai eu un coup de pot, le réflexe d’aller contre la porte. Le temps que j’y arrive, le toit s’est effondré à mes pieds. A l’intérieur, j’entendais les cris de mon épouse avec deux de mes petits-enfants.»

Il s’en sort avec une douleur aux côtes et un bobo à l’arcade sourcilière. Il peut rester deux ans dans le mobile home. Mais il aimerait retrouver sa maison «d’ici deux ou trois mois» :«J’attends les devis.» Il l’avait achetée il y a trente et un ans. «Je l’ai doublée de volume.» S’il fallait la raser ? «Je m’en fous. Ah oui.» Ce soir-là, son fils était à 50 mètres de là, dans sa cuisine avec ses deux enfants. Ils sont passés dans l’autre pièce deux minutes avant la tornade. «Ils auraient pu être écrasés, morts, à deux minutes près

Certains s’inquiètent de leur facture d’électricité à venir : les mobile homes ne sont pas équipés pour l’hiver, et sont chauffés à l’électrique. «Ça sera un point à voir», reconnaît Joël Wilmotte, maire UMP d’Hautmont. Il annonce que les mobile homes seront équipés de lave-linge neufs, mais des habitants se plaignent d’entendre parler de dons, sans rien voir arriver. «On nous a annoncé des frigos, on n’en a pas vu la couleur.» Réponse du maire : «A J + 18, il est normal que tout ne soit pas distribué. On essaie de recenser les besoins avec le Secours catholique et la Croix-Rouge, d’être équitables.»

Urgence. La Fondation de Lille, fondée par Pierre Mauroy, a acheté 50 frigos, autant de cuisinières, et autant de lave-linge. Une dizaine de voitures d’occasion ont aussi été offertes à la commune, qui devrait les redistribuer à ceux qui en ont besoin pour aller travailler, et qui étaient mal assurés. Vendredi, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a annoncé 1,3 million d’euros d’aides supplémentaires pour les communes sinistrées d’Hautmont, Maubeuge, Boussières-sur-Sambre et Neuf-Mesnil.

Cette somme s’ajoute aux 300 000 euros d’aide d’urgence débloqués juste après la tornade, et aux 3 millions d’euros apportés par le ministère du Logement pour installer les sinistrés dans les mobile homes. Près de 1 600 maisons ont été touchées sur le secteur, environ 250 sont inhabitables, ou envolées. A Hautmont, il reste 38 habitants à reloger, qui vivent en attendant chez des parents, ou des amis.

Haydée Sabéran

Photo Aimée Thirion