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France Leduc, du Main Square : «l’économie des festivals va exploser»


MUSIQUE- France Leduc est directrice artistique du Main Square Festival qui se tient pour la cinquième fois sur la Grand-Place d’Arras. Organisé avec le soutien financier de Live Nation et en association avec le festival de Werchter, en Belgique, Main Square fait figure, pour ses concurrents français, d’une tendance à la surenchère financière qui s’empare de l’industrie du live. Entretien.

«Il y a effectivement de gros changements dans l’industrie de la musique. Les artistes sont de plus en plus tentés par l’appât du gain et le montant de leurs cachets a été multiplié par deux chaque année depuis trois ans. Mais il faut observer le phénomène globalement et pas qu’en France. Dans les années qui viennent, il est probable que les artistes anglo-saxons passeront moins par la France dans la mesure où des festivals se créent un peu partout. Aux Etats-Unis en premier lieu, où le nombre explose littéralement depuis trois ou quatre ans, mais aussi en Europe, surtout de l’Est. Il faut aussi se rendre compte que le prix des billets en France est très bas par rapport au reste du monde. Dans la mesure où l’offre devient de plus en plus importante, il est clair que tout le monde va avoir du mal. Mais, encore une fois, il ne faut plus raisonner sur le territoire français, nous ne représentons pas grand-chose.

Une chose est sûre, pour exister, il faudra être encore meilleur. Ici, à Arras, nous offrons au public et aux artistes des conditions idéales. La scène immense, l’équipement, l’éclairage, la qualité des installations, la beauté du site, l’accueil, les loges VIP, etc. Tout cela fait qu’un groupe comme Radiohead peut faire son set. C’est Bercy en plein air et il n’existe pas d’équivalent. De plus, cette tendance est aussi liée au comportement du public français qui est bien davantage porté sur les têtes d’affiches que sur la découverte.

C’est le sens dans lequel vont les choses. Un festival comme les Eurockéennes est limité en capacité, il ne peut plus évoluer et il est sursubventionné. On parle de l’escalade aux cachets des artistes, mais ce n’est pas seulement une question d’argent. Les Eurockéennes se plaignent, mais ils ne sont pas bons, c’est tout. Il faut avoir une ligne et savoir aussi sentir les coups. Moi, cette année, je m’en veux par exemple d’avoir manqué Lenny Kravitz. Il faut s’attendre à ce que l’économie des festivals explose dans les années qui viennent. Et d’autres grosses boîtes vont arriver. Des organisateurs étrangers, des groupes de communication, sans même parler de la puissance financière des sociétés de pays de l’Est. Qu’est-ce qui empêche un groupe comme Lagardère de s’installer à Belfort par exemple ?

Dans ce cadre, c’est vrai que Live Nation est à l’abri. Son concept de 360 degrés [rachat de tous les contrats des artistes et gestion de l’ensemble de leurs droits par une seule société, NDLR] est une bonne formule. Michael Rapino, le patron, est un type brillant, il porte un regard attentif et sain sur les talents émergeants. J’ai confiance dans sa vision de l’avenir. Et puis, de toutes façons, si Live Nation ne suit pas cette politique, quelqu’un d’autre le fera.»

Propos recueillis par Bruno Icher