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Grand Stade : qui va raquer ?


QUESTIONS - Que faire du Grand Stade lillois, après les municipales ? On a posé la question à des têtes de liste de Lille. Mais ausi à l'UMP Marc-Philippe Daubresse, maire de Lambersart, qui brigue la présidence de la Communauté urbaine, comme la socialiste Martine Aubry. Ils ont répondu, sauf la maire de Lille. «On se concentre sur les municipales», répond son porte-parole Pierre de Saintignon. La candidate socialiste a quand même lâché jeudi aux internautes de metro.fr à propos du stade : «Je propose qu'on rediscute tous ensemble de son financement après les municipales».

En votant dimanche, on élira une partie des conseillers communautaires qui auront le dernier mot sur le Grand Stade. Le lieu a été choisi : entre Villeneuve d'Ascq et Lezennes. Le constructeur pressenti, ausi(lire ). Eiffage l’a emporté, contre Bouygues, pourtant moins cher. Coût pour la Communauté urbaine : 14 millions par an, sur 31 ans. Plus 200 millions d’euros pour rendre le site accessible. De quoi remettre en cause les grands dossiers du tram-train et du logement. Le socialiste Dominique Baert, chargé  des finances, s’est abstenu. Elus communautaires, Daubresse et Aubry ont voté pour. Quiquet (Verts) n’a pas pris part au vote, mais a placardé des milliers d'affiches dans Lille contre un stade à 700 millions. Richir (Modem) s’est abstenu. Restent les questions.

Peut-on re-voter sur le stade ?

Jacques Richir, candidat Modem à Lille : «Oui. Ça a été voté dans l’euphorie de la fin de mandat, pour faire plaisir à Pierre Mauroy. C’est un mensonge collectif, qui coûte quinze fois plus cher que le projet initial. On va se réveiller avec la gueule de bois en avril. Il vaut mieux revenir dessus, quitte à perdre un ou deux millions en pénalités. Plutôt couper un doigt que perdre un bras».

Eric Quiquet, candidat Verts à Lille : «Bien sûr. On n’a voté qu’un classement entre trois projets. La nouvelle majorité peut décider que les conditions financières n’y sont pas, s’il n’y a pas d’acteur privé qui met au pot. A Lyon, le stade sera privé. Là-bas, le seul investissement de la communauté urbaine, c’est l’accessibilité. Ce n’est pas le modèle parfait, mais ça montre qu’on peut être ambitieux, pendant que la collectivité fait ses métiers».

Sébastien Huyghe, candidat UMP à Lille : «Je n’aurais pas voté pour. Il faut un stade 100% privé. Je fais par ailleurs le pari que le stade Eiffage sera annulé. Il ne correspond pas aux règles du jeu de départ. Il devait être moins cher, multifonctionnel, et couvert. Bouygues pourrait déposer un recours».

Jan Pauwels, LCR : «Il faut arrêter ce projet. C’est au privé de se débrouiller. Le public qui dépense et le privé qui engrange, exemple flagrant d’une cogestion entre la gauche plurielle et la droite gouvernementale, de Demessine (PC, ndlr) à Daubresse».

Nicole Baudrin, LO : «Je comprends que ceux qui aiment le spectacle du foot mais j’aimerais que la Communauté urbaine mette le même entrain pour les logements sociaux, notamment dans les villes de droite. Le partenariat public privé me pose problème.»

Etienne Forest, social-démocrate : «On est contre un stade à 50.000 places s’il est payé par la communauté urbaine. Partout où il y a un club sérieux, c’est le privé qui paie»

Doit-on construire un stade ailleurs ?

Jan Pauwels : «La population doit avoir son mot à dire sur le lieu»

Etienne Forest : «La bonne solution, c’est Seclin, lieu accessible, un stade payé par le privé et par des aides européennes pour la coupe d’Europe. Ou Lesquin, les accès sont là, on peut ajouter un bus à haut niveau de service ou un métro aérien. Autour de Lezennes, des zones commerciales, il y en a assez».

Marc-Philippe Daubresse : «Si on repart sur un round, on va friser le ridicule».

Sébastien Huyghe : «Le lieu a été choisi. Il faut un stade vite».

Jacques Richir : «Si on remet en cause le lieu, on en prend encore pour 18 mois. Je propose un stade semi-enterré, comme à Berlin, pour contourner le problème des catiches, (les galeries du sous-sol de Lezennes, ndlr), et réduire les coûts.»

Le stade, en l’état, coûtera-t-il au contribuable?

Les militants des «2sous du grand stade» distribuent un sondage pour rire : «100% des dirigeants du Losc sont pour un Grand stade payé par les contribuables». Contribuable ? Ce n’est pas l’habitant qui finance. Sauf si on introduit une fiscalité mixte, comme à Marseille. Personne n’est pour. La seule ressource fiscale de la Communauté urbaine, -hormis la taxe sur les ordures ménagères, qui ne peut pas être affectée au stade- c’est la taxe professionnelle.

La taxe professionnelle peut-elle augmenter ?

Très peu, depuis qu’une réforme l’a plafonnée à 3% de la valeur ajoutée des entreprises. Les seuls qui l’auraient dans l’os sont les entreprises dont la valeur ajoutée est en dessous, c’est-à-dire les petites entreprises, les artisans, les professions libérales, les commerçants… et le gain serait faible pour la Communauté urbaine. «C’est inéluctable. Ce sont eux qui vont payer si on fait le stade, et pas les grands patrons qui appellent à avoir de l’ambition», grince Jacques Richir.». Il pense aux Bonduelle, Boulanger, Dutillleul, Vasseur qui avaient acheté une page de pub pour pousser les élus à financer le Stade.

Qui va payer, alors ?

Marc-Philippe Daubresse : «Soit on fait baisser la dépense, soit on se met dans la dynamique d’augmentation des recettes par le développement économique, qui va engendrer plus de recettes fiscales en provenance des entreprises. On peut même faire les deux». Comment ça faire baisser la dépense ? «On a des marges de manœuvre, en épluchant le dossier d’Eiffage, pour réduire à 11 millions au lieu de 14, sans sacrifier l’ambition. On peut remettre sur le marché des hectares de foncier qu’on n’a pas mis du temps de Madame Aubry. Enfin, dans un périmètre de 5 à 10 km  autour du stade, on accélère un certain nombre de propositions de développement économique, en échange d’une participation du privé au Grand Stade.» Il parle des quatre signataires de la page de pub? «Bien au delà». A quelle hauteur ? «Trop tôt pour parler de chiffres».

Du foncier au privé en échange d’investissements dans le Grand stade ?

Eric Quiquet : «Il ne s’agit pas de faire un deuxième V2 (la zone commerciale de Villeneuve d’Ascq, ndlr). La boîte à spectacle se suffit à elle même».

Jacques Richir : «Si on brade le foncier, ce sont  des recettes dont on se prive par ailleurs. On vend l’argenterie»

Propos recueillis par Haydée Sabéran

L’association «Les 2sous du grand stade», qui a déposé un recours, a interpellé les candidats aux municipales. Le premier à s’exprimer est Gérard Caudron, candidat divers gauche à Villeneuve d’Ascq, et opposé au projet. Le maire (PS) Jean-Michel Stievenard, favorable, lui répond. Et aussi Jacques Richir (Modem), les Verts, Florence Dassonneville (Verts, Lezennes) et Marc Godefroy (PS, maire sortant de Lezennes).