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A Calais, «il faut sauver le soldat Hénin»


MUNICIPALES- «Hommes et femmes de gauche, la vraie gauche, celle des quartiers, c’est cette liste d’ouverture populaire et sociale !» Natacha Bouchart, UMP bon teint, reste stoïque, pendant toute la durée de l’appel de son colistier, Philippe Blet, ancien socialiste radié de son parti pour l’avoir rejointe. A Calais, sa liste d’ouverture a rassemblé 36,36 % des suffrages. Pas le moment de craquer, alors que le maire communiste, Jacky Henin, ne la devance que d’un point. Tous les arguments sont bons pour Natacha Bouchart : «Vous avez remarqué que depuis lundi, nous n’avons plus de PV dans le centre de Calais pour stationnement non payé. Eh bien, si nous sommes élus, il n’y aura plus de PV du tout, le parking redeviendra gratuit !»

Tous les ralliements aussi : elle ne «pense rien» du désistement du candidat FN en sa faveur. François Dubout, 12,35 % des voix, et donc en mesure de concourir pour le second tour, a choisi d’encourir les foudres de son parti. Il explique : «Me maintenir, c’était faire élire Henin par défaut, et mon vrai combat est anticommuniste.» Il a été suspendu par sa direction nationale.

L’homme à abattre, Jacky Henin, s’affiche serein. Le siège du Parti communiste calaisien bouillonne d’activité militante, le porte-à-porte est bien engagé, et le maire a battu le rappel de tous les ténors socialistes de la région. «Je veux rappeler que la vraie liste d’union de la gauche, c’est la mienne. Certains ont tenté une aventure personnelle, c’est leur problème.» Jack Lang, député (PS) de Boulogne-sur-Mer, Michel Delebarre, maire (PS) de Dunkerque sont venus dénoncer mercredi «le désordre des candidatures». Philippe Blet ironise : «Il faut sauver le soldat Henin, c’est ça ?»

S’agissant de l’extrême droite, même Jacky Hénin a semblé surpris : «C’est la première fois qu’il y a une liste FN. Elle a troublé le jeu habituel. Maintenant, le clivage droite-gauche que les Calaisiens connaissent bien va revenir très fort. La liste de Mme Bouchart va s’écraser comme un soufflé.» Il annonce, sûr de lui, un 56-44 en sa faveur.

Les militants de base croisent les doigts et cravachent. Ils étaient déjà si sûrs d’eux au premier tour : «Ça a fait tout drôle, confie l’un d’eux. Quand j’ai vu que Jacky faisait seulement 50 % dans les quartiers populaires, où il est normalement à 75 %, j’ai su que c’était foutu.»

Le Front national, dans ces mêmes bureaux, a cartonné à 18 %. Ces électeurs reviendront-ils vers la gauche ? Jacky Hénin a sa stratégie : «Nous allons leur expliquer que la liste d’ouverture, c’est la droite UMP camouflée.»

S.M.