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«Qui c'est qui parle un peu de ch'ti, ici?»


FILM - Un tapis rouge. Des gens collés aux barrières. Thérèse a un petit papier dans la main : «J'espère que j'aurai un autographe». Une dame : «C'est quand même pas Cannes, hein!». C'est la sortie nordiste de «Bienvenue chez les ch'tis», de Dany Boon, une semaine avant la nationale. Choses vues à Lille hier soir entre la rue d'Amiens, devant le Quick, et le cinéma UGC de la

Quelques policiers désoeuvrés.  Une voiture lente roule sur le tapis. Derrière les barrières, un gosse : «Hé, biloute!». Des cris : «Dany Boooooon!» Un jeune homme, très sapé : «Ça dégage de l'émotion, hein?» Il se tourne vers Hakim, un copain là par hasard : «T'es émotif, toi?» Zoé Félix passe. Une voix : «On va aller sur un 4 millions. Ça va être un gros truc» Line Renaud déboule, brushing blanc, perles. Hurlements de gamines. «Liiiiiiiiiine!»

Quelques caméras nationales zooment sur les gens. Un homme parle plus fort que les autres, en patois.Trois caméras sur lui. «Line Renaud, elle est d'min coin! Tiot Biloute, il est d'm'in coin!». Marianne James passe. Kad Merad. Des gens ont vu «Arthur, Estelle, Elie Semoun, Roland Magdane, et le fils de Gérard Jugnot».

Ils sont tous passés, un type de Canal + s'attarde encore, l'oeil dans le viseur de la caméra. «Qui c'est qui parle un peu de ch'ti, ici?» Une dame. «Vous voulez que je dise quoi?» Lui : «Je sais pas, ben... "J'aimerais bien voir le film, vingt de Dieu!". Ça se dit, "vingt de Dieu"?» Il regarde autour : «Qui c'est qui a d'autres idées en ch'ti?» Un monsieur âgé : «J'aime bien le ch'ti, mais je parle breton». Une fille : «J't'arconnos, ti, t'es d'min coin». Le journaliste : «Ça veut dire quoi?» Une jeune fille se hasarde :  «Heu, in est contints d'êt' venus...». Le journaliste : «ça, je comprends». Des photographes lillois se bidonnent : «Schwarzenegger, tu l'as eu? Brad Pitt?»

Dans la salle, c'est le film. L'histoire d'un employé d'un bureau de poste du Sud muté dans le Nord, à Bergues. Sur l'autoroute, à peine il passe le panneau Nord-Pas-de-Calais, c'est la drache. Au petit déj', les Nordistes mangent du Maroilles. Partout de la brique, et on ne comprend pas leur langue. Mais il tombe sur des gens amiteux, comme on dit par ici, qui chantent «Les corons» de Bachelet dans les stades de foot, qui trinquent, invitent. 

Au micro, quand les lumières s'allument, Dany Boon dit «merci d'être venu dins ch'nord» au public parisien. «Au début quand j'ai donné le scénario, ils comprenaient rien». Line Renaud : «Chaque image me rappelle des  souvenirs. Pour grandir, pour être solide, il fallait aller à Berck Plage...» Boon : «Ils ont tous brait (pleuré, ndlr) à la fin du tournage. Le seul truc qui est faux, c'est que quand on passe le panneau Nord-Pas-de-Calais, il ne pleut pas».

Dehors, Laure, la fille, Catherine, la mère, Marie-Thérèse, la grand-mère, elles sont de Douai, elles ont adoré le film. «Ce qui m'a fait hurler de rire, c'est quand il dit que se faire muter dans le Nord, ça rapporte des points en plus, comme pour les handicapés», dit Laure. Marie-Thérèse trouve que les héros boivent trop. Ajoute qu'elle a «connu des facteurs qui trinquaient, mais c'est fini. Ils n'ont plus le temps» Catherine connaissait déjà la plupart des gags «j'ai le DVD de son spectacle» Elle ne comprend pas pourquoi tout le monde parle patois dans le film. Laure : «C'est du second degré Maman, le contrepied du cliché. Il le fait exprès pour dire que c'est ridicule de penser que tous les gens du Nord sont comme ça.». Marie-Thérèse : «Quand j'ai entendu Les Corons, j'ai eu des frissons».

Haydée Sabéran

Lire le coup de gueule de Jacques Bonnaffé,

Photo AFP