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Après Mauroy, la chasse aux voix


COMMUNAUTE URBAINE - Je croyais que je ne partirais jamais.» Pierre Mauroy, 79 ans, prend toute la place. Dernier conseil municipal, dernière séance à Lille métropole communauté urbaine (LMCU). Et ce soir, pour les 40 ans de la communauté urbaine, encore sa fête. Vendredi, après le vote sur le Grand stade, applaudissements debout. Lui, ému, savoure, puis : «Vous pouvez vous rassoâr.» La statue du commandeur s’en va.

Symbole. Qui pour le remplacer ? Et comment font-ils, les deux candidats déclarés, l’UMP Marc-Philippe Daubresse, député-maire de Lambersart, et la socialiste Martine Aubry, maire de Lille, pour aller chercher une par une les voix d’une majorité qui sera difficile à décrocher, après les municipales ? Martine Aubry s’agace qu’on ne parle que du symbole de cette communauté urbaine, toujours à gauche, et de son budget, énorme comparé à celui de Lille. Pourtant, demain, elle va à Tourcoing, pour la troisième fois, soutenir le socialiste Michel-François Delannoy, opposé au député Christian Vanneste soutenu par l’UMP et condamné pour homophobie. Tourcoing et ses 12 conseillers communautaires, la plus grosse ville susceptible de basculer à droite. Et la communauté avec.

Mais Tourcoing n’est pas la seule inconnue. Il y a surtout un groupe énorme, Métropole passion commune, avec ses 47 conseillers pour l’instant (sur 170), composé de maires des petites communes et présidé par l’influent Henri Ségard. Ce pharmacien, premier adjoint à Comines, se dit «très courtisé». Car, avec 170 conseillers, la majorité est à 86. Mauroy avait donc besoin de lui. Daubresse et ses 22 UMP aussi. Aubry et ses 60 socialistes itou. Sur le stade, c’est sa proposition, la plus chère, qui a été choisie. Ségard, bon prince, n’exclut pas une majorité absolue pour la maire de Lille.

Poil à gratter. Il y a aussi Villeneuve-d’Ascq et ses neuf conseillers. Jean-Michel Stievenard, maire socialiste, est menacé par l’ancien maire Gérard Caudron, ex-socialiste. «Je suis l’objet d’une cour assidue de la part de Martine Aubry et Marc-Philippe Daubresse», s’amuse l’ancien maire. Cet électron libre qui s’est souvent heurté à Mauroy - «un grand bonhomme» - rêve de peser sur la gouvernance Aubry pour rompre avec l’ère Mauroy et le «cher maire, tu me soutiens, et tu auras ton trottoir rénové». Comment ? En tendant la main à… Eric Quiquet, l’adjoint vert d’Aubry à Lille, et lui aussi poil à gratter de Mauroy. «Un des types les plus remarquables de ce conseil», dit Caudron. Quiquet président ? Un scénario digne de 1992 à la région, quand Marie-Christine Blandin, inconnue verte, a dessiné une majorité sur son nom au terme d’une nuit blanche. L’intéressé sourit. Il s’entend bien avec quelques-unes des 11 voix centristes, et les 9 du groupe Actions et projets pour la métropole, plutôt à gauche, présidé par le maire de Mons-en-Barœul.

En attendant le verdict, Daubresse estime qu’il a «un profil très héritier de Mauroy». Aubry, elle, promet de «réfléchir sur la gouvernance», à la manière d’instaurer un travail «plus collégial», et «arrêter le "Je te donne ça, tu me donnes ça"». Ah, tiens.

H.S.