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Migrants : des élus pour un Sangatte «grand froid»


SOCIÉTÉ - C'est un hangar dans le port de Calais, rue de Moscou, l'ancien bâtiment d'embauche des dockers. Jacky Hénin, maire PC de Calais, et Gilles Cocquempot, député PS, demandent au Préfet de le réquisitionner pour loger les migrants pendant la période de grand froid. Les services du Préfet du Pas-de-Calais se disent étonnés : «La nuit dernière (de mardi à mercredi, ndlr), sur les 120 places proposées dans le cadre du plan grand froid, seules 15 ont été honorées, toutes par des migrants. Il est resté

Et on assure qu'en cas de pénurie «comme dans n'importe quelle ville», on en ouvrirait d'autres. Mais pourquoi les quelque 300 à 400 migrants qui vivent dans les forêts de Calais en attendant de traverser la Manche n'appellent-ils pas le 115 plutôt que de dormir dehors par -5? «Peut-être qu'ils n'osent pas, ou qu'ils n'ont pas l'information», risque la Préfecture. La veille, le Préfet du Pas-de-Calais reconnaît qu'il y a une part de peur (voir ), qu'il estime infondée.

Gilles Cocquempot, député PS se dit «choqué» de savoir que «400 hommes, 13 femmes et quelques enfants dorment sous des bâches, seulement aidés par le courage de militants associatifs». Il ajoute que  «ces migrants vivent dans des conditions d’insécurité pas croyable à cause d’actes racistes et gratuits de quelques personnes irresponsables», allusion à l'agression à coups de barres de fer d'Erythréens à Calais ().

A la mairie de Calais, on estime que le 115 est «débordé». Et d'ajouter que le maire, «en cas de pépin, sera responsable» Pourquoi ne pas réquisitionner une salle de sport? «En journée, les gymnases sont occupés par les scolaires. c'est une question de salubrité publique. Imaginez qu'un cas de gale se déclenche».

La gale? «Ils n'ont pas la gale, sinon, on l'aurait aussi», rétorque Jean-Claude Lenoir, bénévole de l'association Salam. Il assure que mercredi, comme la veille, il a appelé plusieurs fois le 115 pour trouver un toit aux migrants. «La réponse, c'est "toutes les lignes sont occupées"». Il assure que les «seuls» migrants qui ont dormi au chaud sont ceux qui ont été hébergés par un «petit réseau» de gens discrets, «les blessés, les dépressifs. Parfois, on paie aussi des chambres d'hôtel, pour des familles. En ce moment, les conditions sont très mauvaises, les gens ne vont pas bien». Il n'attend rien des services de l'Etat, ni du président de la République, et plaide pour l'ouverture d'un gymnase municipal. «Le maire a des salles inoccupées. Qu'il les ouvre, en soulignant au passage que l'Etat ne fait pas son travail. Parce qu'en attendant, ce sont des êtres humains qui sont dehors».

Et Jack Lang? Le député socialiste, qui s'était réjoui de la la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte fin 2002, par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, a fait savoir hier soir qu'il n'était pas disponible pour répondre aux questions, mais faisait «confiance au maire de Calais pour trouver une solution pratique et humaine».

H.S.

Photo Pascal Rossignol/Reuters